La cherté du logement touche plus fortement les jeunes que les autres classes d’âge. L’enquête Logement 2013 de l’Insee révélait que leur taux d’effort moyen pour se loger est supérieur à 30% contre un peu plus de 15% pour les plus de 50 ans et que 13% d’entre eux ont connu des difficultés pour payer leur loyer ou les charges au cours des 24 derniers mois. Conscients de ces difficultés, les pouvoirs publics successifs multiplient les plans pour développer une offre de logement étudiant. Après le plan Anciaux en 2004, le plan "40000 logements", sur le quinquennat lancé en 2013, dont la moitié en Île-de-France, avec des résultats au rendez-vous, Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation et Julien Denormandie, secrétaire d’État auprès du ministre de la Cohésion des territoires, ont lancé, le 26 septembre dernier, le Plan "60000 logements" étudiants à réaliser d’ici 2022 et installé le Comité de pilotage.
Afin que ces logements soient créés là où c’est nécessaire, les ministres ont créé un Observatoire du logement étudiant. Sa mission : quantifier de manière optimale le besoin et l’offre de logements étudiants, alors que la démographie étudiante est en hausse et que la demande de logements s’intensifie. Cet Observatoire permettra d’élaborer un plan de programmation de constructions stratégiques grâce à une meilleure connaissance de l’offre et des besoins. Par ailleurs, le projet de loi ÉLAN, qui devrait être adopté très prochainement, prévoit plusieurs dispositions visant à faciliter le logement des jeunes :
- le bail mobilité, pour développer une offre locative meublée de courte durée sécurisée et adaptée à la mobilité professionnelle ;
- la garantie Visale, pour permettre aux jeunes de moins de trente ans de bénéficier d’une caution gratuite pour tout type de logement (résidences pour étudiants, logements indépendants ou chez l’habitant, colocations, appartements, chambres...) afin de renforcer leur accès à un logement et de garantir les propriétaires contre les loyers impayés ;
- le contrat de cohabitation intergénérationnelle solidaire. La mobilité étant un point cardinal de l’année 2018-2019, "un fonds pour la mobilité étudiante sera mis en place afin de financer, avec les collectivités et les régions, les agglomérations et les villes universitaires des actions concrètes pour faciliter, sur tous les plans, la mobilité : logement, transport, accès aux formation", a annoncé Frédérique Vidal, lors d’une conférence de presse consacrée à la rentrée 2018.
Partenariat Cnous-Action Logement
Toujours pour faciliter l’accès au logement des étudiants et des alternants, Action Logement et le Centre national des œuvres universitaires et scolaires (Cnous) - qui dispose d’un parc de 175 000 logements étudiants gérés par les 25 CROUS (centre régionaux), propriété à 46% d’organismes de logement social - ont signé, en juin dernier, une convention qui s’articule autour de trois axes de développement :
- le premier prévoit l’élargissement de la garantie Visale, nouvelle formule, dans tous les parcs locatifs. Le réseau des CROUS apportera son appui à la diffusion du dispositif ;
- le deuxième vise à faciliter l’accès des jeunes actifs (alternants, stagiaire, jeunes en mobilité temporaire) accompagnés par Action Logement aux résidences universitaires des Crous, sur des périodes à forte vacance locative ;
- le troisième prévoit un partage d’expertise entre les deux acteurs, en matière d’innovation sur l’habitat étudiant, pour accompagner la réalisation du plan gouvernemental en faveur de la production et de l’amélioration des logements pour les étudiants et les jeunes actifs. Cet accord s’inscrit dans la feuille de route de gouvernement qui fixe un objectif de 60000 logements sur la durée du quinquennat et s’applique dès la rentrée 2018. Action Logement s’est en effet engagé, aux côtés de l’État, à produire 40000 logements dédiés aux jeunes, dont 20000 pour les étudiants, sur les cinq prochaines années, à travers sa convention d’objectifs 2018-2022, signée en janvier dernier.

Kap’seuse dans la résidence Trévise à Lille © LMH
Des organismes Hlm mobilisés
Les organismes Hlm, quant à eux, se mobilisent pour mettre en place des solutions adaptées, en termes de produits, de services et de communication (création de plateformes numériques, de marques dédiées). Ils multiplient les partenariats pour permettre l’accès au logement et les parcours résidentiels des jeunes et encourager la cohabitation intergénérationnelle. En 2017, le projet porté par l’USH, Cap Hlm, a proposé de développer une offre et une gestion adaptée pour plus de réactivité aux besoins des jeunes actifs, des apprentis et des étudiants dans le parc existant ou dans des résidences et permettre des parcours résidentiels : location directe classique, colocation, sous-location, résidence sociale, résidence universitaire.
Dans ce contexte, l’USH a mis en place un groupe de travail pour échanger les bonnes pratiques et formuler des propositions(1), et notamment une meilleure prise en compte du logement des jeunes dans les politiques locales, qui ont été présentées dans le cadre du Congrès Hlm de Marseille.