“La première fonctionnalité attendue, quand on met en place une stratégie numérique à l’échelle d’un bâtiment ou d’un parc Hlm, c’est le pilotage de l’énergie”, indique Véronique Velez, responsable innovation et prospective à l’USH, lors du webinaire intitulé Bâtiments connectés, performance énergétique et évolution du parc, présentant le 17 novembre plusieurs retours d’expériences à l’échelle d’un bâtiment, d’un logement ou de l’ensemble d’un patrimoine.

“Le pilotage énergétique des bâtiments permet de repérer les gisements d’économies, et d’alerter sur les niveaux de consommations. L’objectif est de diminuer les charges, vérifier les performances réelles, affiner le pilotage pour aller vers plus de maintenance préventive”, poursuit Rémy Vasseur, responsable du département Énergie et bas-carbone à l’USH.

Dès lors, pour construire une architecture numérique efficace, “le premier niveau consiste dans l’édition de tableaux de bord permettant d’analyser et d’enclencher une décision, précise Paul Saraïs, responsable du département Architecture, qualité d’usage et biodiversité, à l’USH. Il est important de concevoir dès le départ une architecture évolutive et capable de fonctionner en interopérabilité et à l’échelle de l’ensemble d’un patrimoine”.

La valeur de la data

La data issue des bâtiments provient soit d’objets connectés exploités par des prestataires externes pour établir la facturation (leur utilisation ne nécessite pas de consentement) ; soit d’objets connectés propriétés du bailleur (les conditions d’utilisation doivent être annexées au contrat de location). “La valeur de la data commence dès lors que nous saurons la valoriser, l’intégrer dans nos outils de gestion et l’exploiter dans notre pilotage”, a souligné Bruno Belpeer, chef de projets Technique et innovation chez Vilogia.

Lyon Métropole Habitat a ainsi présenté son Système de pilotage de l’énergie, mis en place dans les équipements collectifs de tout son patrimoine. “Les enjeux sont de mieux contrôler nos exploitants, baisser les charges des locataires, optimiser les dépenses d’investissement, entrer dans une démarche d’amélioration continue, faciliter le travail des collaborateurs et aussi d’être en mesure de répondre aux objectifs environnementaux à l’échelle nationale et métropolitaine, a témoigné Jacques Vachez, directeur de la politique énergétique. L’infrastructure est légère et évolutive. Elle fournit des tableaux de bord partagés et accessibles à toute l’entreprise”. L’organisme dispose ainsi d’une vision générale pour construire son plan d’action Iso 50 001, et d’une vision plus fine pour prévoir les gros travaux énergétiques et les améliorations curatives et préventives. Le recueil des données est traité par l’intermédiaire d’un groupement. Selon Christian Rozier, président de la société de conseils Urban Practice, “le bailleur se retrouve ainsi en position de force par rapport aux exploitants qui ont tout intérêt à fournir des données fiables”.

Le groupe 3F a présenté le pack de services Bâtiment et logement connecté déployé dans un périmètre de 300 résidences et dans ses réhabilitations. “3F a fait le choix d’une architecture en silo avec un seul prestataire. Plus simple à déployer”, précise Théodule Goyet, référent technique. Le prestataire intervient dans le logement pour relever des mesures après consentement donné par le locataire. Des alertes sont ensuite transmises au bailleur et aux exploitants.

Tout un quartier en autoconsommation

Faire d’un quartier de Dijon le plus grand site d’autoconsommation en France et consommer le plus possible l’énergie produite localement, sont les objectifs du projet européen Response chez Grand Dijon Habitat (GDH). Des panneaux solaires sont installés en toiture sur deux bâtiments de 377 logements. Les données permettent à un algorithme de prédire les consommations. “L’objectif est de lisser le plus possible la courbe de chauffe pour appeler le moins de combustible possible et réduire en 2024 la puissance souscrite”, résume Grégoire Ensel, directeur de la communication et du marketing chez GDH.

Batigère a présenté un processus de pilotage énergétique des logements par l’intelligence artificielle, installé dans le cadre de la réhabilitation d’une résidence composée de 14 bâtiments. “Le locataire est au cœur du dispositif et doit toujours pouvoir reprendre le contrôle et gérer de manière simple les différents équipements”, précise Salima El Hentati, responsable de projet chez Batigère développement Grand Paris. Il peut consulter ses consommations d’électricité, de chauffage et d’eau et modifier la température de son logement. Le système apporte aussi une vision globale sur tous les fluides du bâtiment et permet de détecter les variations de consommations.

Enfin, Cristal Habitat teste un observatoire de consommation des fluides dans deux tours de 230 logements au total. “L’objectif est de mieux comprendre le comportement des bâtiments, de disposer d’un outil décisionnel pour orienter les investissements dans le patrimoine et d’évaluer l’efficacité réelle des réhabilitations engagées”, résume César Couturier, son directeur de la communication et de la logistique.

Haut potentiel

L’indicateur de potentiel d’intelligence du bâtiment - le SRI (Smart readiness indicator) - évalue le bâtiment en fonction de sa capacité à optimiser l’efficacité énergétique, à s’adapter aux besoins des occupants et aux signaux du réseau (flexibilité énergétique). L’expérimentation recrute dans une quinzaine de pays. Les bailleurs souhaitant y participer peuvent s’inscrire sur www.ecologie.gouv.fr.