L'Union sociale pour l'habitat
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Premier grand oral : un avant-goût du 9 mars AH

La Fondation Abbé Pierre a reçu le 2 février six candidats à la présidence de la République. Emmanuel Macron a défendu son quinquennat et sa vision pour les prochaines années dans une vidéo. Et si le logement était ce jour-là devenu enfin un sujet de campagne ?

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Le 9 mars, au Palais Brongniart (Paris), l’USH, la Fondation Abbé Pierre (FAP), la FFB et des représentants des collectivités locales, réunis dans L’alliance pour le logement abordable, grande cause nationale du quinquennat, recevront les candidats républicains à l’élection présidentielle. Ils étaient déjà six, ce 2 février, à répondre, en une petite demi-heure, aux questions de Christophe Robert, délégué général de la FAP, ou de Manuel Domergue, directeur des études. Un temps suffisamment long pour commencer à mesurer leur volonté et leur crédibilité à mener une politique en faveur du logement Hlm.

Tous visent une augmentation de la construction de logements sociaux : 250 000 par an pour Fabien Roussel (PCF), 200 000 pour Jean-Luc Mélenchon (L’Avenir en commun), 150 000 pour Anne Hidalgo (Parti socialiste) et Yannick Jadot (EELV), 125 000 pour Valérie Pécresse (LR), représentée par Aurélien Pradier pour qui “le pire serait de mettre tous les problèmes au même endroit”. D’où la proposition LR de limiter à 30 % la part de logement social dans une même commune, et non pas “dans un même quartier”(1), a rectifié Aurélien Pradier. La construction Hlm devra, selon lui, “se répartir sur l’ensemble du territoire, y compris dans les territoires les plus ruraux”, a-t-il insisté, estimant par ailleurs qu’“on gagnerait à décentraliser les aides à la pierre”.

D’autres candidats se sont exprimés en faveur d’un taux de Hlm d’au moins 30% en zones tendues (Fabien Roussel, Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot). Et tous les candidats de gauche veulent augmenter les sanctions envers les maires ne respectant pas la loi SRU.

Côté rénovation, Fabien Roussel et Jean-Luc Mélenchon sont à 700 000 sur la durée du quinquennat, Yannick Jadot à 800 000. La candidate fraîchement soutenue par la Primaire populaire, Christiane Taubira, n’a pas donné d’objectifs chiffrés, car “je me bats pour des moyens, des dispositifs, des ressources”, a-t-elle expliqué.

Tous ont promis la suppression de la RLS, sauf Aurélien Pradier dont la réponse est plus ambiguë : “Il faudrait, dit-il, rétablir les APL ou les capacités aux bailleur sociaux”.

Des spécificités

Parmi les spécificités, Fabien Roussel est pour l’interdiction de la vente de logements sociaux et l’abaissement des plafonds de ressources. Anne Hidalgo, qui s’est positionnée “du côté des maires bâtisseurs”, propose un “bouclier logement” dans les zones tendues, sous forme d’allocation complémentaire à l’APL, sous condition de ressources, qui permettrait qu’aucun ménage ne consacre plus d’un tiers de son revenu à se loger. Elle propose également la création de grandes foncières publiques pour lutter contre la spéculation et favoriser l’accession à la propriété. Revendiquant “un programme inspiré à 95%” par la FAP, Jean-Luc Mélenchon propose d’interdire les expulsions locatives sans relogement et brandit volontiers la menace de réquisitions pour augmenter l’offre. Il propose un plan zéro sans-abri et la mise en place d’une “sécurité sociale du logement”, alimentée par des cotisations obligatoires et qui donnerait la certitude à tous d’être toujours logés.

Yannick Jadot a précisé les sanctions SRU : la multiplication par cinq des pénalités auprès de l’État qui “se substituerait réellement au maire défaillant”. Il relève que “même à Versailles, avec sa population et son patrimoine historique, le maire (de droite) applique la loi SRU”. Valérie Pécresse, par la voix d’Aurélien Pradier, propose de réquisitionner les bâtiments de l’État situés dans les territoires ruraux.

Quant au président de la République, il a, dans un échange avec Christophe Robert filmé deux jours plus tôt, déclaré assumer les réformes de son quinquennat qui, selon lui, ont “consolidé le secteur” et “renforcé la capacité d’investissement des bailleurs sociaux”. Si bien que désormais “il n’y a plus de bonnes raisons de ne pas produire du logement social”. 

(1) Le 3 janvier, sur RTL, Valérie Pécresse déclarait vouloir “détruire les quartiers ghettos dans les 10 ans qui viennent”. 

Pour en savoir plus : L'état du mal-logement en France 2022 - 27ème rapport

 

Plainte contre Z

L’USH porte plainte auprès du procureur de la République contre les “propos indignes, stigmatisants et mensongers” tenus par Eric Zemmour le 7 février sur France Inter. Ce candidat à la présidence de la République a éructé, parmi d’autres affirmations : “les Hlm sont des terres d'islamisation du pays” assimilés à “des antres à kebabs et à femmes voilées, sans compter les trafics de drogue”. Une “insulte” aux 11 millions de locataires Hlm, 80 000 salariés et administrateurs du secteur, réplique l’USH.