L'Union sociale pour l'habitat
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Prix USH-CDC de l'article scientifique : accueillir des habitants de copropriétés dégradées, un travail de recherche éclairant AH

Les prix de l’article scientifique sur l’habitat social seront remis lors du Congrès Hlm de Lyon. Les travaux des quatre chercheurs primés portent sur des sujets d’actualité pour les acteurs du logement social - le relogement en Hlm de propriétaires et de locataires de copropriétés dégradées, le rapport des classes populaires avec la transition écologique, la lutte contre la vacance Hlm dans les territoires en décroissance - et qui n’avaient pas encore fait l’objet d’études suffisantes pour éclairer les décisions et les actions de l’ensemble des opérateurs Hlm.

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La cuvée 2022 du Prix USH-CDC de l’article scientifique sur le logement social est un très bon cru. C’est l’avis des membres du jury : “La lecture des articles et les échanges entre les membres du jury ont été un moment d’intérêt intellectuel et de progrès de nos connaissances pratiques sur des questions majeures et jusqu’à présent peu étudiées avec cette acuité”, indique son président, Marcel Rogemont qui est également président de la Fédération nationale des OPH. À chaque fois qu’un article candidat venait à être discuté revenait la même question : “Ce travail donne-t-il aux acteurs du logement social des clés de compréhension et d’action ?”

Une production de haut vol

“Les trois articles primés se sont distingués par leur originalité et leur actualité en traitant des thèmes variés : le relogement en Hlm de propriétaires et de locataires de copropriétés dégradées (1er prix), le rapport entretenu par les classes populaires avec l’enjeu de la transition écologique, et enfin la lutte contre la vacance de logements sociaux dans les territoires en décroissance (prix spéciaux)”(1), souligne Pierre Laurent, responsable du développement à la direction des prêts de la Banque des Territoires.

Sur la trentaine d’articles en compétition, six ou sept se sont assez vite détachés, mais il n’a pas été simple d’établir un classement. “L’ensemble de la production était de très bonne qualité”, fait valoir Marie-Christine Jaillet, directrice de recherche au CNRS. “Parmi les critères de choix, nous avons priorisé les articles qui faisaient avec cohérence le tour du sujet qu’ils traitaient pour en donner un aperçu le plus complet possible”. Pour sa part, Hélène Peskine, secrétaire permanente du Puca (Plan urbanisme construction architecture), invoque un autre critère important : “Pour être lus et compris par les acteurs de l’habitat, les articles se devaient d’être pertinents sur le fond et très clairs sur la forme en évitant de jargonner”.

La perte du statut de copropriétaire : un traumatisme

Le jury, dans lequel se retrouvent dirigeants d’organismes Hlm, représentants de la Caisse des dépôts et chercheurs universitaires, a finalement décerné le premier prix de l’article scientifique à Rémi Habouzit pour son travail sur le relogement en Hlm des habitants d’une grande copropriété en difficulté de la région parisienne : “Placement, déplacement, re-placement : propriétaires et locataires dans une opération de rénovation urbaine à Clichy-sous-Bois et Montfermeil”, publié dans la revue en ligne Territoire en mouvement, en 2021. Les propriétaires et locataires aux faibles revenus ne disposaient pas de solutions alternatives pour remédier à la dégradation progressive et avancée de leurs immeubles. La décision de démolition de cet ensemble dans le cadre d’une opération Anru nécessitait leur relogement dans le parc locatif social. “Cette question du relogement des habitants des copropriétés dégradées a pris ces dernières années de plus en plus d’ampleur”, constate Marcel Rogemont.

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Rémi Habouzit, 1er prix pour son travail de recherche sur le relogement de copropriétaires dans le parc social. © R. Habouzit

“L’article rend compte d’une recherche de type anthropologique qui retrace le parcours individuel des ménages avant, pendant, et après l’opération de relogement, explique Pierre Laurent. Cette approche sur un temps long donne des résultats éclairants”. Il en ressort notamment que le passage du statut de copropriétaire à celui de locataire du parc social est vécu comme un traumatisme et un déclassement d’autant plus fort qu’il touche les ménages les mieux dotés socialement qui avaient fait le choix de devenir propriétaires. L’article présente le cas d’un couple qui prenait grand soin de son logement dans la copropriété dégradée. Six mois après son installation dans une Hlm, il continuait à y “camper” comme s’il n’y était que de passage. En revanche, les copropriétaires par défaut d’autres solutions de logement et les locataires de la copropriété dégradée se sont, dans l’ensemble, mieux et plus vite appropriés les logements sociaux qui leur offrent de bien meilleures conditions de vie. Ils perçoivent ce changement comme une promotion et même un sujet de fierté. “Les conclusions de cette étude invitent les bailleurs sociaux à individualiser les modalités d’accompagnement des ménages en fonction de leur histoire et de leurs parcours résidentiels”, constate Marie-Christine Jaillet.

(1) Un article présentant les deux prix spéciaux sera publié dans le prochain numéro d’Actualités Habitat. Les articles primés sont présentés sur le centre de ressources en ligne de l’USH, dossier Prix USH/CDC de la recherche sur l’habitat social.

Contact : Dominique Belargent, USH. Mél. : dominique.belargent@union-habitat.org

Pour en savoir plus : Dossier Prix USH/CDC de la recherche sur l'habitat social