Selon la dernière enquête sur l’image des logements et des organismes Hlm, réalisée en janvier par BVA Opinion pour le compte de l’USH, 81% des Français(1) souhaitent majoritairement que la question du logement tienne une place importante dans la campagne présidentielle de 2022. Un tiers (35%) estime même que ce sujet devrait occuper une place très importante. Les sympathisants de gauche en sont un plus convaincus encore (88%).
“74% des locataires de logements sociaux ont une bonne opinion des organismes Hlm”.
Les Français s’accordent principalement sur la nécessité de proposer davantage de logements sociaux. 59% considèrent que c’est un objectif prioritaire, notamment parmi les locataires d’un logement social (72%). Au total, 88% des Français soulignent le caractère prioritaire ou important de ce sujet, soit une proportion identique à la vague précédente.
Faciliter l’accès à la propriété (84%, -2 points par rapport à la précédente enquête réalisée en juillet 2021) et développer l’offre locative du secteur privé (76%, +1) demeurent également des objectifs jugés importants.
En termes de cible, l’attribution des logements sociaux est toujours majoritairement perçue comme ne devant pas être restreinte aux plus démunis. Plus de 4 Français sur 10 estiment ainsi qu’ils devraient être attribués aux personnes à revenus modestes (44%) et un tiers estime même qu’ils devraient être ouverts à de larges catégories sociales (29%, -4). Cette opinion est toutefois en recul, notamment parmi les locataires de logement social (-13) même s’ils sont toujours plus nombreux que la moyenne des Français à le penser (37%).
Une place encore trop timide
Si le logement devrait selon les Français occuper une place significative dans la campagne, force est de constater que leur vœu était, en janvier, loin d’être comblé. Seule une minorité d’entre eux considère que le logement occupait alors une place importante (36%). Ils étaient 57% à déplorer la faible place occupée par ce sujet dans les débats, notamment parmi les cadres (77%), les 35-49 ans (65%) et les sympathisants de gauche (64%).
Un constat d’autant plus problématique que la situation en matière de logement depuis 2017 leur semble quelque peu laisser à désirer : la moitié (53%) considère que la situation n’a pas évolué depuis 5 ans, un quart (23%) perçoit une amélioration quand 19% déplorent une détérioration, notamment parmi ceux qui pensent que le logement n’occupe pas du tout une place importante dans la campagne présidentielle (25%), signe de leurs attentes d’action et de progrès sur le sujet.
Quand ils se projettent vers l’avenir, les Français sont très partagés : un peu plus d’un tiers pense que la situation va s’améliorer (36%), un autre tiers (35%) qu’elle va rester sans changement - ce qui est notamment le cas des locataires de logement social (51%) -, quand un peu moins d’un quart anticipe une dégradation (22%).
Une bonne image qui se consolide
Dans la même enquête, 62% des Français déclarent avoir une bonne image des logements Hlm. C’est le plus haut niveau depuis 2017 et une belle progression depuis juillet 2020(2). À noter que la bonne image progresse auprès des locataires du secteur Hlm (76%, +8) mais aussi auprès des locataires du secteur privé (69%, +11). Les propriétaires demeurent plus en retrait (57%, +1). Les 32% exprimant leur mauvaise image l’expliquent principalement par l’état des logements, qu’ils jugent mauvais (46%) en mentionnant notamment l’insalubrité, la dégradation et le manque de rénovation des locaux.
Une proportion similaire de Français (59%) témoigne de sa bonne opinion à l’égard des bailleurs sociaux. Un score également en progression depuis juillet 2020 et qui retrouve son niveau de juin 2018. Les principaux intéressés, à savoir les locataires de logements sociaux, n’ont jamais eu une aussi bonne opinion des organismes Hlm (74%).
La part de personnes ayant une mauvaise opinion des organismes Hlm (23%) est en baisse de 14 points et 18% n’ont pas exprimé d’avis (+9). Les personnes qui affichent leur mauvaise opinion font part de leur scepticisme quant à la gestion opérée par les organismes Hlm (30%) et la manière dont seraient attribués les logements (29%).
Sur de nombreux indicateurs, la part de personnes critiques est en recul, “essentiellement parce que les Français ont plus de mal à se prononcer”, souligne BVA, ajoutant que “les traits d’image positifs se consolident, ce qui tend à montrer que les jugements positifs sont plus ancrés que les négatifs”.
(1) Sondage réalisé entre le 13 et 16 janvier 2022, sur un échantillon de 993 personnes âgées de 18 ans et plus, issues d’un échantillon global de 1001 personnes représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus. La représentativité de l’échantillon est assurée avec la méthode des quotas (sexe, âge, CSP de la personne interrogée, CSP de la personne de référence du ménage, région et catégorie d’agglomération).
(2) Les évolutions sont mesurées à partir des vagues réalisées par BVA en juin 2020 et juillet 2021, et précédemment par Kantar.
Questions à...
Joachim Soëtard, directeur des Affaires publiques, Communication et Digital de l’USH
Que retenez-vous de l’enquête BVA de janvier 2022 sur l’image des Hlm?
Cela fait plusieurs années que nous suivons régulièrement l’image du secteur dans le grand public. J’ai souvent été surpris de voir le décalage qu’il pouvait y avoir entre cette image publique d’un côté, et la perception que pouvaient en avoir beaucoup d’acteurs du secteur, volontiers acquis à l’idée d’une vision négative du logement social par nos concitoyens.
Une fois encore, nous constatons, et sans aucune ambiguïté, qu’il n’en est rien. Qu’il s’agisse de l’image des logements ou de celle des opérateurs, la bonne image l’emporte très nettement : 62% des personnes interrogées ont une bonne image des logements Hlm (contre 32%), 59% ont une bonne image des organismes Hlm (contre 23%).
Nous avons aussi constaté ces dernières années que les ambiances électorales avaient un impact négatif sur l’image du logement social. Paradoxalement, alors même que les attaques contre le logement social et - disons-le clairement - ses habitants, ont rarement été aussi violentes et frontales, l’image du secteur ne se dégrade pas, voire sort confortée de cette période. C’est une bonne surprise.
La place du logement dans la campagne interroge. Qu’en pensez-vous?
Nous avons posé deux questions directement liées à place du logement dans la campagne électorale. 81% des Français souhaitent que la question du logement tienne une place importante dans la campagne présidentielle, et 35% une place “très importante”. Ce score est particulièrement élevé chez les 18-24 ans (92%). Mais seulement 36% jugent que cette place est aujourd’hui “importante”. Autrement dit, près de la moitié des Français (45%) souhaitent que le logement ait une place importante dans la campagne mais font dans le même temps le constat que ce sujet n’est pas traité à la hauteur de leurs attentes. On voit bien, avec ces quelques chiffres, le décalage actuel entre d’un côté, un discours politique et médiatique organisé autour de quelques sujets clivants, et de l’autre, les aspirations d’une majorité des Français à un débat politique plus en prise avec leurs réalités quotidiennes.
Pourquoi selon vous le sujet du logement a du mal à prendre dans la campagne?
Le logement est un sujet souvent perçu comme technique, et il renvoie mécaniquement à des dimensions locales. Or, cette campagne fait la part belle à la petite phrase, à la polémique et à l’émotion. Autant de dimensions qui - si l’on met de côté les propos polémiques des candidats d’extrême-droite - se prêtent mal au logement.
Pour autant, je note que depuis quelques semaines, le logement trouve sa place dans les propositions des candidates et des candidats, au même titre d’ailleurs que d’autres sujets sociaux. Plusieurs acteurs du secteur se sont mobilisés pour faire émerger le sujet, et nous continuerons à le faire tout au long de cette campagne. En témoigne l’initiative commune que lance l’USH avec la Fondation Abbé Pierre, la Fédération Française du Bâtiment, France urbaine et Intercommunalités de France le 9 mars, en auditionnant des candidates et des candidats à l’élection.
Propos recueillis par Valérie Liquet.