La France a eu des "sans-logis" au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, puis des "mal-logés" à l'aube des années soixante-dix. Elle compte désormais des "personnes défavorisées" éprouvant des difficultés pour accéder à un logement ou s'y maintenir. Ce constat dressé à la fin des années quatre-vingt a été à l'origine de nombreuses mesures pour consolider la dimension sociale de la politique du logement confrontée à la transformation des structures familiales, à la montée de la précarité et aux différentes manifestations de l'exclusion sociale et urbaine. Un rapprochement sans précédent s'opère entre la politique du logement et l'action sociale, aboutissant à la constitution d'un nouveau système de réponses que les auteurs de ce livre identifient comme le "logement très social". Ils montrent qu'il s'agit là d'un remaniement profond de la politique du logement : transformation des caractéristiques de l'offre immobilière, nouvelles façons de désigner les demandeurs de logements (les défavorisés) et de les prendre en charge, présence de médiateurs agissant comme tiers sociaux, remaniement du milieu des intervenants (organismes HLM et associations). Tout se passe finalement comme si le "logement très social" constituait une réponse à la question du logement des pauvres, des inadaptés et des précaires ; une réponse qui représente une autre façon de construire le droit au logement. |