Date de publication :
15 mai 2023
Auteur(s) :
EMMANUELLE COSSE
Edito : vers une société apaisée
Depuis le 1er avril, comme chaque année, la trêve hivernale est terminée. Les propriétaires peuvent de nouveau demander le concours de la force publique pour procéder aux expulsions autorisées par un jugement. Cette issue légale, parfois nécessaire au regard de troubles de jouissance importants, est - dans les nombreux cas de difficultés financières des ménages concernés - toujours un échec collectif.
C’est en tous les cas ainsi que l’ensemble des parties prenantes de ces situations douloureuses l’avaient conçu depuis une décennie au moins. Des progrès notables (même si encore insuffisants) avaient eu lieu par la prévention de l’endettement, le repérage des difficultés, l’accompagnement des ruptures de vie qui engagent encore trop souvent les ménages dans des logiques d’expulsion.
L’esprit de la PPL du député Kasbarian, même amendée, est un véritable décrochage avec cette logique de prévention. Elle pénalise la pauvreté pour afficher de la fermeté face à des situations qui pouvaient trouver une issue satisfaisante à périmètre législatif constant. Et ce n’est pas faire preuve d’angélisme ou de démagogie que de rappeler qu’on ne combat pas la misère en menaçant les pauvres de lourdes contraventions ou de condamnations pénales. La crise du logement endémique à notre pays ne se résoudra pas en accusant celles et ceux qui en souffrent.
Nous, opérateurs d’intérêt général, avons besoin d’être soutenus politiquement, financièrement, stratégiquement pour produire plus de logements abordables, pour rénover des logements devenus inconfortables, pour remodeler les villes et les offres urbaines aux côtés des collectivités locales.
Cette bataille contre le mal-logement qui alimente les squats, les mésusages de la ville et les impayés, nous aurons besoin d’une mobilisation générale pour la gagner. Gouvernement, élus locaux, bailleurs sociaux doivent rattraper le retard et être ensemble au rendez-vous de la transition écologique et de la justice sociale. C’est en tenant ces deux exigences que nous irons vers une société apaisée.
“La crise du logement endémique à notre pays ne se résoudra pas en accusant celles et ceux qui en souffrent.”