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Actualités

Thème de la publication
Architecture
Numéro

Actualités Habitat n°1186

Paru dans

AVRIL 2023

Actualités Habitat n°1186

Date de publication :

17 avril 2023

Auteur(s) :

DIANE VALRANGES

Ergonomie : "les manières d'occuper les espaces dans la sphère privée se modifient de plus en plus vite"

« Dans l’entrée, souvent petite, les occupants ont besoin de déposer et ranger beaucoup de choses : clés, vêtements, chaussures, sacs de courses, caddy, cartable, poussette, trottinette et parfois même un vélo », nous dit Véronique Velez qui pilote une étude sur l’adaptabilité des logements et l’ergonomie pour les occupants.

Interview de Véronique Velez, responsable du département Innovation et prospective à la direction de la Maîtrise d’ouvrage et des politiques patrimoniales de l’USH

L’USH s’attaque aux nouveaux modes de vie, pour repenser les dimensions d’efficacité, de santé et de confort des habitants dans les projets de construction et de rénovation.

Comment est venue l’idée de cette étude sur l’ergonomie des logements ?

L’USH a lancé cette étude pour inciter la maîtrise d’ouvrage Hlm à prendre en compte les besoins des habitants dans leur logement dès la phase de programmation, et à s’adapter aux modes de vie et aux usages, notamment pour trois publics cibles : les familles avec enfants, les jeunes et les personnes âgées.

Depuis plusieurs années, la priorité est donnée à la performance énergétique et à la réduction de l’empreinte carbone des logements, afin d’atteindre les objectifs de neutralité carbone en 2050, avec un focus sur les matériaux, les équipements et les vecteurs énergétiques bas-carbone. La réflexion sur l’adaptation des logements aux nouveaux modes de vie doit s’effectuer en parallèle. Avec le développement du numérique et l’arrivée des nouvelles générations, les manières d’occuper les espaces, dans la sphère privée, se modifient de plus en plus vite. La cellule familiale évolue ainsi que les usages à l’intérieur du logement : le travail, les loisirs y pénètrent de plus en plus. Le salon peut être à la fois un espace de travail, un espace de rencontres et de festivité, un coin loisir, un lieu d’activité physique.

Quel a été le parti pris méthodologique ?

L’étude est copilotée par Paul Saraïs, qui anime le thème de la qualité d’usage au sein de la direction de la Maîtrise d’ouvrage de l’USH. SIA Habitat, Vilogia et Pas-de-Calais Habitat, trois bailleurs des Hauts-de France, ainsi que Val Touraine Habitat, ont permis de visiter une trentaine de logements sur quatre territoires, Lille, Arras, Douai et Tours, qui représentent trois typologies urbaines : une agglomération rurale, deux agglomérations moyennes et une grande agglomération.

Un groupement pluridisciplinaire, composé d’un ergonome, un architecte et un sociologue, a d’abord réalisé des entretiens avec des collaborateurs des bailleurs et des représentants de locataires. Il a ensuite observé dans leur espace de vie une trentaine d’habitants, puis organisé 4 ateliers de design thinking(1) avec des locataires de tous âges et des salariés des organismes Hlm chargés de la gestion locative et du patrimoine.

Les ateliers ont été basés sur plusieurs profils représentatifs : des familles avec enfants, des jeunes et des personnes âgées. Chaque groupe a été confronté à différentes situations d’usage préparées et a permis de préciser les besoins fonctionnels attendus et leur niveau d’importance.

La compilation des prescriptions et le rappel des données sociales, comportementales et des modes de vie sont en train d’être finalisés dans une publication.

En entrant dans les logements, quels sont les éléments qui ont d’emblée sauté aux yeux des experts ?

Tout d’abord, l’accueil a vraiment été cordial, les entretiens qui devaient durer une heure se sont bien souvent prolongés. Ensuite, le premier constat tient à l’encombrement général des appartements, les photos prises l’illustrent. Pour les logements non rénovés, c’est aussi le manque de prises électriques avec une multiplication des rallonges et prises multiples. En façade, les volets restent souvent fermés en permanence, même dans les étages élevés.

Quels constats sont remontés des ateliers de design thinking et des rendez-vous in situ ?

Plusieurs points de tension ressortent des séquences d’usage. Le premier concerne le rangement des affaires dans l’entrée. Dans l’entrée, souvent petite, le ou les occupants ont besoin de déposer et ranger beaucoup de choses : clés, vêtements, chaussures, sacs de courses, caddy, cartable, poussette, trottinette et parfois même un vélo. Il faudrait des placards qui aient au moins la taille d’un porte-manteau, un banc ou une assise, des espaces de rangement encastrés dans la façade, avec des rayonnages. On pourrait par exemple optimiser la hauteur avec un placard télescopique, proposer un petit cellier à côté de l’entrée ou encore imaginer un placard par logement dans les halls avant la porte d’entrée.

L’autre usage de l’entrée est l’accueil et la circulation : on reçoit, on est à plusieurs. Il faudrait pouvoir s’asseoir, peut-être avec un banc escamotable, avoir du mobilier qui se transforme en immobilier et que l’entrée joue un rôle de sas, qui permette de ne pas voir tout le logement et de protéger l’intimité. Le 2e point de tension concerne le parcours du linge.

En quoi ce parcours du linge constitue-t-il un point de tension ?

Le linge encombre souvent toutes les pièces : où positionner la machine à laver ? Dans le cellier, la cuisine, la salle de bains ? Dans la majorité des logements visités, elle est située dans la cuisine. L’emplacement est déterminé en fonction de l’arrivée d’eau et il n’y a souvent pas la place dans la salle de bains. Si la machine à laver le linge est dans la cuisine, la démultiplication des équipements électroménagers suppose un linéaire imposant, peu compatible avec les espaces visités. Il y aussi un risque d’hygiène avec le croisement aliments et linge.

Si la machine est dans le cellier, c’est là que se font l’arrivée d’eau et les branchements, mais on constate un sous-dimensionnement électrique. Cela génère des contraintes de ventilation, avec des traces d’humidité et la cohabitation de produits secs et de produits humides.

Enfin, s’il existe un espace technique de type buanderie, c’est intéressant de regrouper des espaces “linge” et produits d’entretiens avec la possibilité d’un traitement acoustique dédié.

Comment les maîtres d’ouvrage peuvent-ils intégrer ces enseignements ?

Une fois décrits, ils peuvent être intégrés dans un futur cahier des charges de construction ou de rénovation. Les consultants vont aussi proposer des plans types. L’idée est de restituer l’étude aux équipes de maîtrise d’ouvrage et de patrimoine.

Quelles sont les prochaines étapes ?

Une publication sera finalisée et diffusée courant mai et une journée professionnelle organisée le 27 juin, puis une séquence au congrès début octobre à Nantes.

(1) Le design thinking est une méthode de conception globale de l’innovation centrée sur l’utilisateur, dont l’objectif est de proposer des services ou produits innovants.

 

Les profils types représentatifs d’un logement

Six profils représentatifs (personae) ont été utilisés pour imaginer les scénarios d’usage :     

• Une famille recomposée, avec deux enfants de 5 et 2 ans, deux chiens et trois chats. Le mari travaille de 5h à 13h et la femme a des horaires variables. Ils habitent une maison individuelle T4 de 87m2, dans un lotissement, très bien localisé, à proximité des écoles et des commerces.
• Une famille monoparentale : une femme de 30 ans, avec trois enfants, l’aîné a 14 ans. La femme travaille le soir. Ils ont deux chambres. Les devoirs se font dans le salon en parallèle d’autres activités : télé, jeux. Les repas sont déstructurés, il n’y pas de table dans la cuisine, chacun mange séparément. L’entrée est encombrée des poussettes et vélos car le local vélo dans le hall est devenu un vrai dépotoir.
• Un homme de 84 ans, retraité mais actif, habitant dans un duplex T3 de 88m2. Il occupe ce logement situé au 2e étage depuis 37 ans. La cuisine est très petite, il n’y pas de place pour de l’électroménager hormis la gazinière, le réfrigérateur et un micro-ondes. Il stocke l’eau dans son garage et bénéficie aussi d’un débarras de 1m2. Les commerces sont à proximité.
• Une femme de 80 ans, qui vit seule dans un T2 au rez-de-chaussée. Elle a vécu en couple ici et ne veut pas déménager. Elle a besoin de contacts et voit le gardien tous les jours, c’est une gardienne bis ! Elle apprécie la qualité du chauffage, la luminosité de l’appartement. Le cheminement extérieur est adapté et la porte motorisée coulissante à l’entrée de l’immeuble est un plus. Elle se fait livrer ses courses.
• Un homme célibataire de 29 ans, avec un enfant de 3 ans qu’il reçoit tous les week-ends. Il vit dans un T2 avec une chambre, laissée au garçon, et lui dort dans le salon.
• Un homme jeune, étudiant, qui se déplace en mobilité électrique : trottinette et gyroroue sont stockées dans l’entrée et le hall. Il est peu présent dans son logement et le plus souvent les persiennes ou volets roulants manuels sont fermés.

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PARU DANS ACTUALITÉS HABITAT N°1186 DU 17 avril 2023

Actualités Habitat n°1186

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