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Actualités

Thème de la publication
Construction & Architecture
Numéro

Actualités Habitat n°1184

Paru dans

MARS 2023

Actualités Habitat n°1184

Date de publication :

15 mars 2023

Auteur(s) :

MAGALI TRAN

Évolutions du logement en temps de crise : "Attention à ne pas sacrifier la qualité"

Inscrire les qualités techniques du logement dans la loi ? L’appréhender dans son environnement et avec les aménités qu’il offre ? Le rénover avec exigence ? Autant de considérations sur la qualité du logement qui nécessitent des moyens financiers conséquents, mais aussi et surtout un soutien politique fort, comme l’ont rappelé les intervenants à un colloque sur Les évolutions du logement en temps de crise.

“Comment construire un habitat de qualité ?”, interrogeait le colloque Quelles évolutions du logement en temps de crise, organisé par L’Humanité le 13 février, au Pavillon de l’Arsenal à Paris. “Il faut déjà avoir un logement !”, lance, provocateur, le maire de Gennevilliers, Patrice Leclerc : “Il faut retrouver de la fluidité dans le parc social”. Catégorique, l’architecte-urbaniste Djamel Klouche estime que “les qualités techniques du logement - traversant, lumineux - devraient être non négociables” et carrément “inscrites dans la loi”. À ce titre, le projet de décret qui permettrait de louer des logements de 1,80 m de hauteur sous plafond (au lieu de 2,20 m actuellement) est “scandaleux”, juge Catherine Sabbah, déléguée générale d’Idheal (Institut des hautes études pour l’action dans le logement). “La politique du logement, ça sert d’abord à loger des gens”.

 

Le fondateur de l’AUC, Grand prix de l’urbanisme 2021, poursuit : les matériaux, plutôt que forcément biosourcés, doivent être “sains et durables : cela ouvre le jeu et permet à l’architecte d’aller chercher le matériau adéquat en fonction de là où il construit”. Selon Guillaume Tapin, directeur de la construction Île-de-France de la société d’ingénierie Berim, “l’habitant veut surtout trouver de la qualité par la distribution de son logement, des rangements, les services autour, et moins par la manière dont il a été construit”.

Le logement, pièce d’un puzzle plus large

 

Djamel Klouche dénonce également la “privatisation accrue” des logements : ”Tout le monde est et reste chez lui. Alors un balcon pour chaque logement, pas forcément. Il peut y avoir un jardin partagé à 50 mètres, qui crée un autre espace de sociabilisation. Le logement ne peut pas tout faire. C’est une pièce d’un puzzle plus large”. Un sujet que Polylogis regarde de près. “Favoriser le lien social, proposer des lieux où il peut se créer, comme des jardins partagés ou des espaces de coworking solidaire, cela participe à la qualité du logement”, illustre Karine Julien-Elkaïm, présidente du comité exécutif du groupe. C’est un regard à 360° que le bailleur adopte, pour pouvoir “proposer des produits différents et adaptés à toutes les demandes, en passant par les pensions de famille pour la sortie d’hébergement d’urgence, des logements pour les femmes victimes de violence, etc.”. De même, “le maintien à domicile nous paraît essentiel, pour les personnes âgées et également les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer”, complète Patrice Leclerc, par ailleurs administrateur de la Coop’Hlm Gennevilliers Habitat. Outre les adaptations des logements, “cela nécessite des services autour pour qu’il y ait un accompagnement, des visites à domicile…”. Catherine Sabbah, elle, estime que l’on devrait pouvoir “choisir son logement”, tant dans sa localisation que dans son type (pavillonnaire, collectif, dense…) et analyser davantage la demande.

 

Besoin d’argent et d’ingénierie

 

Lors des rénovations aussi, la qualité doit rester en ligne de mire. Pour Jacques Baudrier, adjoint à la maire de Paris en charge des constructions publiques, les objectifs de confort d’été et d’hiver, de végétalisation, d’utilisation de matériaux biosourcés nécessitent d’investir beaucoup d’argent et de développer une ingénierie. Anne-Sophie Grave, présidente du directoire de CDC Habitat, insiste pour sa part sur “le rôle du maître d’ouvrage : il peut donner des prescriptions et des ambitions environnementales, de même pour le financeur”.

 

“Attention à ne pas sacrifier la qualité, et à ne pas la sacrifier à la quantité, même s’il faut construire beaucoup”, enjoint encore Catherine Sabbah. Car les besoins sont en effet criants, sur le plan purement quantitatif. Dans une table ronde précédente, un Stéphane Peu assez pessimiste dressait un état des lieux rapide : “Notre pays n’a jamais construit aussi peu de logements, les prix n’ont jamais été aussi élevés, le nombre de demandeurs de logement ne cesse de croître et la production de logements abordables est en berne. Tous les voyants sont au rouge. Ce qui a des conséquences en cascade sur de nombreux maux de la société”, s’alarme le député de Seine-Saint-Denis qui a, en réponse, déposé une proposition de loi de 40 articles(1). Emmanuelle Cosse, qui s’inquiète de l’absence de parcours résidentiels et de voir “beaucoup de premières demandes de logement social à 64 ans, y compris hors des métropoles - c’est nouveau”, appelle quant à elle à “un soutien financier, mais aussi politique”.

 

(1) Proposition de loi visant à garantir l’accès au logement pour tous et la préservation du pouvoir d’achat des ménages, déposée le 15 décembre 2022 (lire AH 1180).

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PARU DANS ACTUALITÉS HABITAT N°1184 DU 15 mars 2023

Actualités Habitat n°1184

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