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Thème de la publication
Culture
Numéro

Actualités Habitat n°1232

Paru dans

MAI 2025

Actualités Habitat n°1232

Date de publication :

15 mai 2025

Auteur(s) :

MAGALI TRAN

Exposition : Banlieues Chéries

Le Palais de la Porte Dorée propose un regard sensible et artistique sur les banlieues et leur diversité, dans son exposition Banlieues Chéries, dont l’USH est partenaire. Plus de 200 œuvres racontent, chacune, une histoire de ces villes et de leurs habitants.

« Il n’y a jamais eu d’exposition sur les banlieues dans un grand musée » : c’est en partant de ce constat qu’est née l’exposition Banlieues Chéries, présentée jusqu’au 17 août au musée national de l’Histoire de l’immigration, indique Constance Rivière, sa directrice générale. Malgré le lieu, « nous n’avons pas souhaité d’axe précis sur les migrations : les banlieues se sont construites aussi avec les vagues migratoires, mais pas seulement, et aujourd’hui, la majorité de leurs habitants sont Français. Le choix a été fait plutôt de partir des personnes, dans une approche sensible », poursuit-elle. Le pluriel s’est tout de suite imposé, tout comme le temps long pour ancrer les banlieues dans l’Histoire. Les trois commissaires de l’exposition, Susana Gállego Cuesta associée à l’historienne de l’art Horya Makhlouf et l’artiste plasticienne Aleteïa (Émilie Garnaud), ont défini trois thèmes pour raconter les banlieues - et notamment les plus populaires - par le prisme de l’art, à travers plus de 200 œuvres, documents, peintures, photos et installations.

 

Exposition Banlieues chéries

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’exposition se déploie sur 900 m2, en trois thématiques.

© Q. Chevrier

Douceur, amertume, engagement

Dans la première partie, les “banlieues douces-amères”, Claude Monet dialogue avec le réalisateur Rayane Mcirdi, proposant un aller-retour entre le patrimoine naturel d’Argenteuil peint par les Impressionnistes et la démolition de la barre des Gentianes à Asnières. « La nostalgie, l’affection, la douceur », selon les mots d’Horya Makhlouf, contrastent avec la misère des bidonvilles. Le regard proposé est ici intime, des photographies de la Zone et de ses habitants d’Eugène Atget, aux dessins et peintures d’artistes contemporains inspirés de la vie quotidienne, en passant par un appartement des années 1960 reconstitué, décoré de photos de familles.
La section sur les “banlieues engagées” se fait plus politique, comme en témoigne le film À la conquête du bonheur (1947), chantant les louanges d’un maire bâtisseur d’après-guerre. « Les banlieues sont des villes laboratoires », souligne l’historien Emmanuel Bellanger, membre du conseil scientifique de l’exposition. C’est là que sont nées les HBM et les cités-jardins. Puis les tours et les barres, présentes sous forme de grandes maquettes au milieu de la salle d’exposition. Un mur d’archives militantes rappelle les luttes qui y ont été menées, à partir des années 1970 : grèves des loyers dans les foyers Sonacotra, émeutes urbaines. Le bureau de presse qui clôt cette partie propose de découvrir des médias de contrepoint (blogs, podcasts, magazines), réalisés par les habitants des banlieues, comme le Bondy Blog, pour « contrecarrer les discours médiatiques réducteurs », pointe Horya Makhlouf.

 

Exposition Banlieues chéries

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Carte postale “Les Choux, Créteil (94)”.

© Collection Renaud Epstein 

Un point de vue totalement assumé

Dans les “banlieues centrales”, l’exposition rappelle qu’« une métropole est faite de polycentralités », selon Emmanuel Bellanger. Les transports étaient un passage obligé : ils y sont racontés avec humour, à travers des vitraux de style médiéval en forme de rames de métro ou RER, ou dans des vidéos de Safya Fierce intitulées Je t’emmènerai dans le RER B. Les banlieues ont aussi vu émerger des modes d’expressions artistiques : graffiti, street-art, urbex, vidéo, musique - et pas seulement du rap ou du hip-hop. La preuve dans la dernière salle du parcours, où l’on peut écouter une playlist de cinq heures, allant de Mistinguett ou Édith Piaf à Aya Nakamura, Abd Al Malik, Booba ou NTM en passant par Renaud, Higelin, Souchon...

 

Exposition Banlieues chéries

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lassana Sarre, Courir pour être curieux, 2022.

© Lassana Sarre - Galerie Polaris Paris 


Pour Susana Gállego Cuesta, cette histoire sensible des banlieues propose un « point de vue très partiel et très partial totalement assumé ». « De nombreux sujets ne sont pas abordés », confirme Horya Makhlouf, citant à la volée la rénovation urbaine, la gentrification, les cités-jardins… L’exposition sortira hors-les-murs avec des Rebonds programmés dans plusieurs villes partenaires : Corbeil-Essonnes, La Courneuve, Vandœuvre-lès-Nancy, Vaulx-en-Velin, Gonesse, Sarcelles, Clichy-sous-Bois, Saint-Ouen.


Palais de Porte Dorée, Paris 12e Jusqu’au 17 août. www.histoire-immigration.fr

 

 

Exposition Banlieues chéries

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans l’appartement-témoin des années 1960.

© Q. Chevrier

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PARU DANS ACTUALITÉS HABITAT N°1232 DU 16 mai 2025

Actualités Habitat n°1232

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