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Thème de la publication
Congrès Hlm
Numéro

Actualités Habitat n°1235

Paru dans

JUIN 2025

Actualités Habitat n°1235

Date de publication :

30 juin 2025

Auteur(s) :

LA RÉDACTION

Interview d'Emmanuelle Cosse : "le Congrès Hlm, c'est un temps militant"

Le 85e Congrès Hlm se tiendra à Paris du 23 au 25 septembre prochain, à porte de Versailles. Il aura pour thème "Les qualités du logement social". Rencontre avec Emmanuelle Cosse à trois mois de l’événement.

Les “qualités du logement social” seront le fil conducteur du Congrès Hlm 2025. Qu’est-ce ce qui a prévalu au choix de ce thème ?

Le choix d’un thème de congrès est un exercice qui répond à plusieurs critères. En premier lieu, il doit être partagé par l’ensemble des parties prenantes : il doit parler aux congressistes bien sûr, mais aussi à l’ensemble des personnes qui font vivre l’événement. Disant cela, je souhaite insister sur l’importance de la présence de très nombreux acteurs institutionnels, bancaires, économiques, associatifs et bien sûr des associations de locataires. Le Congrès Hlm, c’est d’abord l’expression d’un écosystème vivant, dynamique, avec ses difficultés mais aussi ses très belles réussites. Et le thème doit nous inscrire, collectivement, dans une dynamique positive, porteuse, affirmée. Enfin, c’est aussi un temps d’analyse, de partage, en un mot un temps militant.
En abordant la question des qualités du logement social - et j’insiste sur le pluriel de la formule - nous assumons le fait que notre activité touche différents champs, et c’est bien ce qui fait sa richesse. La qualité de service bien sûr, qui est depuis plusieurs années un axe de travail important du secteur. Mais aussi la qualité architecturale, la qualité de la relation aux territoires, la qualité des constructions neuves et des réhabilitations, sans oublier la qualité du modèle économique, qui est la clé de voûte de l’ensemble du système. Sans l’apport du Livret A, sans la participation des employeurs à l’effort de construction, nous n’aurions pas pu bâtir, comme nous l’avons fait, ce patrimoine qui est d’abord et avant tout celui des gens qui n’en ont pas.

2026, 2027 seront des années électorales. Comment se positionne le Congrès de Paris par rapport à ce calendrier ?

Nous sommes à l’aube de plusieurs échéances électorales majeures pour le pays, et elles auront une grande importance pour le Mouvement Hlm. Notre activité, notre rôle social et économique, notre ambition touchent aux décisions de politique publique, locale ou nationale. Je ne connais aucun organisme qui n’a pas - et c’est heureux - des relations étroites avec les élus et élues de son territoire. De même que je ne connais aucun organisme qui s’exonère des lois de la République. Notre activité est liée aux sujets d’intérêt général et aux rythmes de notre démocratie.
Les élections locales de mars 2026 se dérouleront dans un contexte bien différent de celles de 2020. Lors des dernières élections municipales, si je caricature un peu, le climat n’était pas favorable à la construction de nouveaux logements et à l’accueil de nouvelles populations, qui plus est dans un moment marqué par le Covid. Beaucoup de candidats et candidates ont été élus sur la promesse de maîtriser, voire de remettre en cause des programmes de logements neufs. Certains parlaient même de dédensifier ! Mais aujourd’hui la crise est là. Les difficultés de pans entiers de la population à se loger sont mécaniquement devenues une préoccupation des élus. Nous consacrerons la plénière conclusive à la manière dont des maires ont tenu, au cours de leur mandat, à faire du logement social un outil au service de leurs populations.
Je n’oublie pas que se profilent aussi les élections nationales de 2027, l’élection présidentielle et les élections législatives. Les prises de position des uns et des autres sur le sujet du logement, et notamment du logement social, sont encore timides. Mais je note qu’elles peuvent être radicales. Je pressens aussi qu’elles ne porteront pas uniquement sur la politique publique du logement, son organisation, ses acteurs, choses auxquelles nous sommes habitués. Une partie du débat, et c’était déjà le cas en 2022, portera sur les populations logées dans le logement social. J’ai eu l’occasion de le dire lors de la journée organisée par l’USH et l’Union régionale Grand Est en mai dernier à Nancy(1) : nous sommes fiers de “loger la France telle qu’elle est”.
Et avant toutes ces échéances, nous aurons à porter nos valeurs dans deux lois de Finances qui s’annoncent très compliquées. Nous avons une ministre, Valérie Létard, qui connaît bien notre secteur, qui le respecte, et que nous aiderons à convaincre de la nécessité de retrouver une ambition pour la politique du logement social à la hauteur des attentes de nos concitoyens et concitoyennes.

Comment analysez-vous le contexte général dans lequel s’inscrit le Congrès 2025 ?

Aujourd’hui, d’après nos enquêtes, les deux tiers des Français considèrent que nous vivons une crise du logement, et nous atteindrons sans doute rapidement la barre des trois millions de ménages en attente d’un logement social. C’est du jamais vu. Nous ne pouvons pas nous réjouir de ce chiffre, qui est d’abord et avant tout le signe d’un dysfonctionnement du système. Et c’est d’ailleurs bien la preuve que nous avons besoin - et je parle ici de l’ensemble des acteurs du secteur, pas uniquement du logement social -, d’un État stratège, interventionniste, organisateur et, sans aucun doute et à bon escient, financeur.
Nous consacrerons d’ailleurs la plénière d’ouverture à la place qui doit revenir à l’État dans le futur de la politique du logement, avec l’intervention d’économistes, de sondeurs et de Clément Beaune, en qualité de Haut-commissaire au plan et Commissaire général à la stratégie et à la prospective. J’ai proposé à Jean-Paul Jeandon, président du Fonds national des aides à la pierre (Fnap) et maire de Cergy, et à Cédric Van Styvendael, maire de Villeurbanne et co-auteur, avec Jean-Martin Delorme et Anne-Claire Mialot, du rapport Ensemble, refaire ville sur l’avenir de la rénovation urbaine, d’intervenir à mes côtés dans cette plénière.
Le sujet n’est pas de mettre en accusation l’État. Il est de voir dans quelle mesure, et compte tenu du contexte budgétaire que nous connaissons tous, comment l’État, instruit des dysfonctionnements du marché que chacun constate depuis son retrait de la politique du logement, entend se repositionner. Sans anticiper sur les débats, il y a plusieurs options qui n’appellent pas toujours de volet budgétaire. Je pense par exemple au travail sur les normes. Mais il y a aussi deux échéances indépassables : l’avenir des aides à la pierre, et notamment le financement des logements très sociaux ; et l’avenir de la rénovation urbaine, et son impact sur la vie de plusieurs millions de nos concitoyens et concitoyennes qui vivent dans les quartiers populaires. Voilà deux sujets sur lesquels l’État est attendu et pour lesquels il devra nécessairement se positionner. Car même l’absence de position ou la procrastination seraient interprétées comme des actes politiques par les acteurs du secteur, par les élus locaux et par l’ensemble de la population, à quelques mois d’échéances électorales majeures.

Comment se “fabrique” le Congrès Hlm, et son programme ?

Un Congrès Hlm, c’est 18 mois de travail pour l’équipe qui, au sein de l’Union, est en charge de son organisation, et à qui je veux rendre hommage. Il faut le rappeler, le Congrès Hlm est le plus grand congrès professionnel itinérant de France. Beaucoup de villes souhaitent l’accueillir, quelle que soit d’ailleurs la couleur politique de leur exécutif, et c’est un motif de grande fierté. Mais seules quelques villes ont les capacités logistiques de le faire. C’est aussi la raison pour laquelle j’ai souhaité que soit organisé, chaque année, un événement au printemps, dans une ville qui ne peut pas accueillir le Congrès, en donnant la parole à l’Association régionale Hlm locale.
Le programme est quant à lui bâti sur proposition des experts et expertes de l’Union, en concordance avec les sujets identifiés et traités dans les commissions et groupes de travail auxquels participent beaucoup d’organismes. Nous veillons ensuite à l’équilibre des prises de parole, entre fédérations notamment, mais aussi en ayant à l’esprit un objectif de mixité. Je sais que beaucoup d’organismes souhaitent légitimement profiter du Congrès pour partager leur expertise sur un sujet donné, et c’est aussi un signe très positif pour le dynamisme de notre événement. 

(1) lire AH 1234

« Notre activité, notre rôle social et économique, notre ambition touchent aux décisions de politique publique, locale ou nationale. »

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PARU DANS ACTUALITÉS HABITAT N°1235 DU 30 juin 2025

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