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Thème de la publication
Habitants & Politiques sociales
Numéro

Actualités Habitat n°1240

Paru dans

SEPTEMBRE 2025

Actualités Habitat n°1240

Date de publication :

30 septembre 2025

Auteur(s) :

DIANE VALRANGES

Logement d'abord : 710 000 personnes sorties de la rue depuis 2018

Dans le cadre des Journées du Plan Logement d’abord 2 (2023-2027), organisées par la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal) du 11 au 19 septembre, un bilan de ce dispositif à mi-parcours a été réalisé par ses acteurs, au Transfo, centre d’hébergement et lieu culturel d’Emmaüs Solidarité, à Paris.

Depuis le lancement du Plan Logement d’abord en 2018, plus de 710 000 personnes ont accédé à un logement depuis la rue ou une structure d’hébergement, grâce à une mobilisation partenariale entre l’État, les bailleurs sociaux, les associations et les collectivités, salue le Délégué interministériel à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal), Jérôme d’Harcourt, le 11 septembre, en ouverture des Journées du Plan Logement d’abord 2. 195 000 logements sociaux ont été attribués à des ménages sans domicile. La part des attributions à ce public a doublé entre 2017 et juin 2025, passant de 3,96 % à 7,96 %. L’objectif de création de 25 000 places en résidences sociales est déjà atteint à mi-parcours (25 500 places ouvertes dont 10 400 nouvelles depuis 2018), comme celui de 30 000 places supplémentaires en intermédiation locative (40 100 places en 2018, 86 800 en 2024). Seul bémol, l’ambition de créer 10 000 nouvelles places en pensions de famille n’est pas atteinte (16 600 places disponibles en 2017, 25 120 en 2024).

Un bilan positif, mais des défis restent à relever

« Ça marche ! », s’enthousiasme Emmanuelle Cosse. La présidente de l’USH souligne que le Plan « a permis un changement d’approche » et « poussé tous les acteurs à avancer ». La loi SRU a, selon elle, servi de levier à la construction de pensions de famille, « des petites structures de 30 personnes », qui travaillent « dans la dentelle ».
« Le Plan est une idée lumineuse », ajoute Renaud Payre, vice- président de Lyon Métropole, où plus de 3 000 personnes par an sortent de la rue, grâce à un écosystème local propice. Il souligne le « changement de culture » qui a permis de « sortir du modèle en escalier », tout en rappelant que le maintenir est « un combat de tous les jours ». La Métropole de Lyon a développé à l’université Lyon 2 un diplôme universitaire dédié et, depuis 2020, une “politique d’hospitalité”, sous la forme d’une plateforme d’accompagnement via le SIAO, inspirée des principes du Logement d’abord.
« Le Logement d’abord est un vaccin contre le dogmatisme, considère Pascal Brice. Il est fondamental car il oblige à partir des personnes et favorise la coopération entre les acteurs ». Le président de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) estime pourtant que « ce n’est pas une solution pour tout le monde » et préconise de rester à l’écoute des parcours individuels.
Bien que le bilan soit positif, des défis subsistent : les participants à la table ronde sont unanimes à considérer que le Logement d’abord doit devenir « un pilier structurel de la politique du logement » pour répondre à la précarité croissante des publics. Emmanuelle Cosse dénonce le paradoxe d’avoir affaibli la capacité financière des bailleurs sociaux avec la RLS, dans le même temps de la création du dispositif, en « handicapant ce Plan extrêmement ambitieux dès le départ ». Elle estime nécessaire d’acculturer l’ensemble des bailleurs sociaux pour le massifier et de « faire confiance aux associations, notamment dans la question de l’attribution et du dialogue avec les SIAO », afin de préserver l’équilibre fragile des petites structures d’une logique purement quantitative. Elle alerte sur la disparition des outils statistiques de suivi du logement accompagné par l’État. « Quand vous commencez à ne plus suivre un indicateur, ça veut dire que vous êtes en train de tuer la politique », s’inquiète-t-elle.

Vers un observatoire du sans-abrisme

Loin de concevoir un tel scénario, Pascal Brice appelle à une programmation pluriannuelle de l’action collective qui, pour sortir des logiques d’urgence, s’attaque aux causes structurelles de la précarité. Le président de la FAS soulève le besoin de renforcement des moyens et d’ingénierie des SIAO, pour éviter qu’ils ne deviennent des « instruments centralisés de l’État ». Jérôme d’Harcourt indique pour sa part que la Dihal poursuivra le soutien à l’ouverture des places en pensions de famille.
À Lyon, la Métropole a lancé un projet de “Coop’ Logement d’abord”, pour capter des logements privés, la mobilisation de ce parc apparaissant « absolument nécessaire » à Renaud Payre. Le vice-président de Lyon Métropole plaide aussi pour une adaptation du droit et la recherche de financements européens pour lutter contre le sans-abrisme.
La Dihal annonce la création d’un observatoire du sans-abrisme, le lancement à la fin de l’année d’une évaluation pour analyser le devenir des personnes logées et le déploiement d’une offre de formation en e-learning pour diffuser la culture du Logement d’abord.

 

Dossier Logement d'abord

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PARU DANS ACTUALITÉS HABITAT N°1240 DU 30 septembre 2025

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