Mandatés par le Comex de l’USH en début d’année pour analyser les impacts du narcotrafic dans le logement social, Isabelle Rueff, directrice générale d’Alpes Isère Habitat, et Pascal Barbottin, président du groupe Midi Habitat, ont présenté le 9 juillet les résultats de leur mission flash.
Ils notent en premier lieu la diffusion du phénomène à de nouveaux quartiers, en soulignant l’impact sur les locataires et les organismes Hlm : risques pour l’intégrité physique des habitants et des agents, détérioration du cadre de vie, baisse d’attractivité et pertes financières générées, en particulier par la vacance des logements et les dépenses liées à la remise en état et la sécurisation des bâtiments occupés par les trafiquants.
La mission note également « l’ampleur des moyens mobilisés par les bailleurs sociaux pour faire face à ce phénomène ». Elle estime que la réponse apportée par l’État est « très centrée sur la lutte contre le haut du spectre, c’est-à-dire les dirigeants des réseaux de narcotrafic, et peu orientée vers la résorption des phénomènes de deal dans l’espace public ou résidentiel, qui reste traitée de manière aléatoire, temporaire et localisée ». Elle pointe d’autres limites : manque de coordination entre les acteurs ; diversité d’instances et de dispositifs « qui rend l’action publique peu lisible » ; fortes disparités de moyens entre les territoires.
Les auteurs formulent plusieurs propositions visant à renforcer le partenariat avec les acteurs publics, notamment la Justice : garantir la protection des habitants et des personnels ; déployer des plans d’action coordonnés ; agir davantage sur le volet préventif. Ils appellent également à « changer de regard sur la place des bailleurs », à reconnaître leur mobilisation et à « faire front collectivement, entre institutions, face à cette menace », en construisant une réponse « commune, durable et structurée ».