
Date de publication :
17 juillet 2023
Auteur(s) :
LA RÉDACTION
Interview de Marianne Louis, directrice générale de l'USH : "le rendez-vous politique, économique et militant du secteur"
Le 83e Congrès Hlm se déroulera les 3, 4 et 5 octobre à Nantes sur le thème Toutes nos énergies pour le logement. Une incursion dans les coulisses de sa préparation avec Marianne Louis, DG de l’USH.
Comment se présente ce 83e Congrès ?
Sur de très bonnes bases en termes de fréquentation et de réservations de stands. Il fait d’ailleurs suite au succès rencontré par le Congrès 2022, à Lyon, qui a confirmé la montée en puissance de cet événement majeur dans l’agenda politique et économique. Il s’agit, pour rappel, du premier congrès itinérant professionnel de France, et c’est une fierté pour l’ensemble de notre secteur.
Il a cette année pour thème Toutes nos énergies pour le logement. Ce thème, il faut bien sûr l’entendre au sens large : la question énergétique a été au cœur de l’actualité du secteur ces derniers mois, en lien avec la guerre en Ukraine, mais l’énergie, c’est aussi une référence à la vitalité du tissu économique, associatif, militant qui accompagne les bailleurs sociaux dans leurs missions, et qui sont largement représentés dans les allées du congrès.
“Nous attendons la présence de représentants du gouvernement, dans le contexte particulier de discussions autour d’un Pacte de confiance.”
Le Congrès, c’est aussi un rendez-politique. Nous pouvons d’ores et déjà remercier l’ensemble des collectivités locales (mairie et métropole de Nantes, Conseil départemental, Conseil régional) pour leur implication et leur soutien, et nous attendons, comme lors de chaque Congrès, la présence de représentants du gouvernement, dans le contexte particulier de discussions autour d’un “Pacte de confiance” entre l’État et le Mouvement Hlm, sur lequel des négociations sont en cours. Le Congrès, c’est aussi une exposition, qui permet à nos partenaires de mettre en avant leurs innovations, leur capacité à accompagner les bailleurs sociaux dans l’ensemble du spectre de leur activité : c’est un secteur qui pèse, avec 13,8 Md€ d’investissement et 80 000 salariés, et ceci au service d’une mission qui a du sens, particulièrement aujourd’hui : le logement pour tous.
Qu’est-ce qui caractérise le contexte dans lequel s’inscrit ce 83e Congrès ?
Le programme du Congrès Hlm reflète toujours une double dynamique : le temps long du monde Hlm, dans lequel s’inscrit notre activité dans la quasi-totalité de ses dimensions, qu’il s’agisse de considérations financières, techniques, sociales d’un côté, et l’immixtion parfois soudaine de sujets “chauds” de l’autre, qui ne sont pas sans liens avec les dimensions que je viens de citer, mais qui obéissent à une autre temporalité. Et ce qui me frappe d’abord, c’est la brutale accélération de cette actualité avec, dans le même temps, la multiplication des sujets structurants et de forte intensité.
Prenons l’exemple de l’énergie. S’il y a bien quelque chose qui a été à porter au crédit du secteur, c’était notre capacité à tirer le meilleur parti qu’offrait le gaz, y compris s’agissant du pouvoir d’achat de nos locataires, en leur offrant les bénéfices d’achats groupés. Aujourd’hui les cartes sont rebattues : le vecteur énergétique de prédilection du secteur qu’est le gaz connaît des fluctuations tarifaires importantes, avec des conséquences très directes sur le montant des charges des locataires. Et, plus largement, la trajectoire voulue par les pouvoirs publics et que nous soutenons au titre de la nécessaire transition environnementale est celle d’une sortie progressive du recours aux énergies fossiles. On voit bien, avec cet exemple, qu’un sujet historiquement et globalement maîtrisé est percuté d’une part par l’actualité - la crise énergétique que nous avons connue l’hiver dernier et qui se reproduira - et d’autre part par une évolution plus profonde de notre rapport sectoriel à l’énergie.
Prenons un autre exemple. Nous avons vécu ces derniers jours un retour de la question des quartiers. Pour être tout à fait juste, c’est un retour dans le débat public et politique au travers d’événements tragiques, mais ce sujet n’avait jamais disparu du quotidien de très nombreux bailleurs. Ce sujet était présent dans le programme initial, mais nous réfléchissons à faire évoluer les séquences plénières pour aborder différemment cette question. Nous nous apprêtions à “fêter” les 20 ans de ce partenaire indispensable qu’est l’Anru, notamment pour rappeler que ce sont les bailleurs sociaux qui sont les principaux financeurs de la rénovation urbaine, et à évoquer dans une autre plénière la question délicate de la sécurité dans les quartiers. Aujourd’hui nous devons sans doute profiter du Congrès pour reposer collectivement les bases d’une analyse critique et constructive de la politique de la ville, en formulant des propositions, ce qui est le rôle de l’Union. Les équipes de l’USH en charge de ces sujets, en lien avec la commission Quartiers présidée par Marie-Laure Vuittenez, y réfléchissent.
Le programme de ce 83e Congrès reflète cette densité, ce rapport à l’actualité, cette complexification des sujets.
Comment se construit un programme de Congrès Hlm ?
C’est un travail de plusieurs mois, qui part d’abord du recensement des sujets opéré par les équipes de l’Union qui sont en prise directe avec le secteur, au travers des commissions, des groupes de travail, des journées professionnelles et bien sûr de contacts moins formels. Je suis toujours frappée par l’étendue et la diversité des sujets qui remontent des équipes. Après, il faut faire des choix, prioriser pour tenir le Congrès en trois jours !
“Nous devons profiter du Congrès pour reposer collectivement les bases d’une analyse critique et constructive de la politique de la ville.”
J’ajoute, en tant que directrice générale, que c’est un atout pour une structure comme l’Union que de pouvoir se fixer comme horizon la tenue d’un événement de cette taille. C’est aussi un projet d’entreprise, renouvelé chaque année, piloté par un service dédié et que je veux ici remercier pour son engagement et son professionnalisme. Toutes les structures n’ont pas la chance de disposer, en interne, des compétences indispensables à la tenue d’un événement de cette ampleur.
Ce premier tour d’horizon opéré auprès des acteurs du secteur est ensuite complété par un regard plus politique. On a ainsi vu resurgir ces derniers mois des discussions sur les besoins en logements. Très sincèrement, nous pensions que le sujet faisait consensus auprès de l’ensemble des acteurs : État, collectivités, bailleurs sociaux, associations, promotion immobilière. Or, le CNR Logement a débuté en novembre par une prise de parole de la Direction du Trésor remettant en cause le chiffre emblématique des 500 000 constructions neuves nécessaires, annuellement, en France, pour répondre aux besoins de la population. Je ne dis pas que ce chiffre n’est pas à rediscuter, mais il est quand même dissonant d’entendre le ministre de la Ville et du logement, Olivier Klein, parler de “bombe sociale” en évoquant le manque de logements et la crise du logement, et dans le même temps de voir un service de l’État revendiquer moins de constructions pour les années à venir. Ou alors l’étalon n’est pas constitué par les besoins de la population, mais par d’autres considérations, budgétaires par exemple.
“Le Congrès, c’est aussi un projet d’entreprise, piloté par un service dédié.”
Vient ensuite le choix des intervenants et intervenantes, qui doit respecter plusieurs critères, au-delà bien sûr de la proximité avec le sujet traité. La diversité des profils professionnels tout d’abord, puisque la question du logement social intéresse les bailleurs sociaux, mais aussi les collectivités locales, les locataires, les partenaires économiques, bancaires et techniques du secteur. Nous sommes également attentifs à ce que des régions qui ne peuvent pas ou plus accueillir le Congrès compte tenu de sa dimension trouvent une expression lors des plénières. Par ailleurs et pour la première fois je pense, les séquences plénières du Congrès seront animées par une journaliste.
Que dites-vous à un organisme qui hésiterait à venir en nombre ?
Je lui dirais qu’avec 300 intervenantes et intervenants, plus de 80 événements de nature diverse et 400 exposants, le Congrès de Nantes sera, comme chaque année, le rendez-vous politique, économique et militant du secteur. Et qu’au-delà de ces chiffres, le Congrès c’est le pouls du secteur. Ce Congrès s’inscrit par ailleurs dans un temps de profondes mutations, et après l’échec qu’a constitué, du point de vue de la quasi-totalité des acteurs, le CNR Logement dont les conclusions ont été rendues en juin, c’est l’occasion de retisser des liens entre les pouvoirs publics et le monde du logement, et notamment du logement social.
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PARU DANS ACTUALITÉS HABITAT N°1192 DU 15 juillet 2023
Actualités habitat n°1192
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