“Je me suis rendu compte qu’il n’y avait que moi qui parlais comme ça dans l’entreprise. Alors j’ai travaillé sur moi, j’ai regardé des vidéos, je lisais des livres, j’essayais d’améliorer mon accent, j’ai éliminé mon vocabulaire de jeune”. Ce témoignage est celui d’une jeune femme de 26 ans, prénommée Arya, Bac +5 et de nouveau en recherche d’emploi. Arya fait partie des 48 jeunes “Diplômés du supérieur issus des QPV” interrogés par le Crédoc pour l’Apec⁽¹⁾.

Seuls 29% de la génération 2017 issus de QPV sont diplômés de l’enseignement supérieur (56% France entière). Ils “subissent en particulier des conditions d’éducation dégradées qui impactent négativement leur orientation et leur accès aux filières sélectives”, lit-on dans la note de l’Apec. Et quand ils décrochent un diplôme, “le parcours vers l’emploi reste complexe, notamment pour l’accès à un emploi cadre”. Cette situation ne vient pas seulement de la faiblesse de leur réseau relationnel. Selon l’étude, des difficultés “résiduelles” subsistent durant les premières années de carrière, tel que le sentiment d’illégitimité, la perception (réelle ou non) d’un plafond de verre... “Ces jeunes sont victimes d’une discrimination croisée avec une forte composante ethno-raciale (origine réelle ou supposée, couleur de la peau, religion) qui est liée à la surreprésentation des personnes immigrées ou issues de l'immigration”, reconnaît l’Apec. Ils subissent une “stigmatisation basée sur des préjugés liés aux quartiers qui est intériorisée et source d’un phénomène d’auto-censure”.

(1) L’enquête s’est déroulée entre avril et juillet 2023, l’étude a été publiée en novembre.