
Date de publication :
31 octobre 2023
Auteur(s) :
EMMANUELLE COSSE
"L'endroit où il fallait être pour faire bouger les lignes"
À l’issue du Congrès de Nantes, Emmanuelle Cosse revient sur les temps forts de ces 3 jours, et en particulier sa conclusion par la signature d’engagements avec le gouvernement. S’il ne « règle pas tout », le texte est « un marqueur positif du retour de l’État sur la question du logement social », veut croire la présidente de l’USH.
Tout juste de retour de Nantes, quelle est votre première impression de ce congrès Hlm ?
Plusieurs sentiments selon mes différents points de vue. Tout d’abord comme organisatrice du premier congrès itinérant de France, c’est encore une fois une grande fierté. Le service Congrès de l’Union sociale pour l’habitat a de nouveau fait des merveilles et a su jongler avec mille nécessités. Je ne cesse de les remercier. Ils fabriquent chaque année une belle vitrine pour le Mouvement Hlm et une occasion unique de nous former, travailler, penser l’avenir. Et si j’en crois les chiffres, c’est un excellent millésime avec 3716 congressistes Hlm, 1052 invités institutionnels nationaux et régionaux, 430 exposants, 2493 personnels exposants, 6765 visiteurs locaux et nationaux. Ce congrès a finalement rassemblé plus de 14100 visiteurs uniques, soit 24856 visites sur 3 jours. Nous avons tenu la barre encore plus haute qu’à Lyon en 2022.
Vous avez d’autres casquettes sur un congrès Hlm ?
Oui, je suis la première usagère du congrès, même si je ne réussis pas à tout voir ! J’ai beaucoup aimé cette édition. Les déplacements étaient fluides. Les différents pavillons reliés par un extérieur très agréable qui donnait sur l’Erdre. Le lien facile en transports en commun avec le centre-ville de Nantes qui a permis à tous les congressistes de se retrouver de façon conviviale. L’accueil des différentes collectivités. Par ailleurs, le programme était d’une richesse inouïe. Toutes les rencontres étaient de grande qualité, en grande partie évidemment grâce aux intervenants qui représentaient l’ensemble du spectre des parties prenantes du logement social. Dans un moment politique et économique très incertain, nous avons démontré notre mobilisation et notre envie de trouver des solutions en commun.
Vous évoquez “un moment politique et économique très incertain”, tout n’est donc pas réglé après ce congrès ?
Je ne crois pas trop à la politique de la baguette magique. J’ai dit dans mon discours de clôture, à l’attention du ministre Patrice Vergriete, que nous n’attendions pas un magicien, mais un serviteur de l’État engagé sur le long terme pour la défense du modèle du logement social. Tout n’est donc pas réglé, mais nous avons tout de même décidé, de façon unanime avec les cinq fédérations de l’Union, de signer un accord avec le gouvernement. Nous l’avons fait en responsabilité, car nous préférons toujours faire avancer les choses. Ce n’est pas un pacte de confiance qui règle tous les problèmes mais c’est une proposition sérieuse qui nous a été faite : 1,2 milliard d’euros sur trois ans pour tenir le calendrier de la loi Climat et résilience et aller vers des rénovations ambitieuses, le maintien du PTZ pour l’accession sociale et la vente Hlm, des prêts bonifiés de la Caisse des dépôts pour soutenir la production en PLAI et PLUS. Cela est loin de tout régler. Nos revendications sur la suppression de la RLS et le retour d’une TVA à 5,5% sont toujours sur la table et toujours indispensables si l’on veut relancer la machine.
On peine à comprendre si vous êtes satisfaite de cet accord...
Cet accord était nécessaire mais il n’est pas suffisant. Il constitue une étape importante car c’est un marqueur positif du retour de l’État sur la question du logement social. C’est ce que nous demandions depuis de nombreuses semaines. Nous n’en sommes pas encore au nécessaire aggiornamento qui nous permettrait de changer d’époque après les décisions contreproductives du gouvernement en 2017-2018, mais une forme de dialogue a repris.
Le Congrès de Nantes peut-il constituer un premier rebond dans une crise très profonde ?
Avec 72 journalistes présents, les ministres de la Transition écologique, du Logement et des Outre-mer en exercice, un ancien président de la République, un ancien Premier ministre, ainsi que les ministres du Logement de la Polynésie et du Québec, le congrès Hlm était cette année l’endroit où il fallait être pour faire bouger les lignes sur le logement, l’habitat, l’urbanisme ou la politique de la ville. Pour répondre plus directement à votre question, un rebond politique et économique, ce n’est pas un phénomène météorologique. Cela dépend de nous. La crise avait été annoncée par un grand nombre d’acteurs. Ce n’est pas une fatalité, mais la conjonction de phénomènes économiques et de choix politiques. Si on veut sortir de la crise, nous devons remettre en route l’ensemble des segments du secteur du logement. Le Mouvement Hlm prendra toute sa part, mais le gouvernement doit redevenir un soutien, un arbitre et un régulateur, en particulier pour remettre de l’ordre sur le foncier et pour assurer la pérennité du modèle français du financement du logement social.
Pour en savoir plus : Rapport au Congrès 2023 - Le parc Hlm, source d'énergies des territoires
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PARU DANS ACTUALITÉS HABITAT N°1197-1198 DU 31 octobre 2023
Actualités Habitat n°1197-1198
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