Date de publication :
02 octobre 2023
Auteur(s) :
VICTOR RAINALDI
Prix de thèse USH-CDC 2023 : l'impact des séparations conjugales dans les trajectoires résidentielles
Le Prix de thèse USH-CDC sur l’habitat social a récompensé la recherche de la sociologue Laure Crepin sur le rôle des ruptures d’union cohabitantes dans les trajectoires résidentielles et les inégalités de logement et de classe. Cette édition 2023 se distingue encore par la qualité des travaux présentés.
“Certaines thèses devraient être des livres de chevet des bailleurs sociaux”, déclare Maryse Prat, présidente de la Caisse de garantie du logement locatif social (CGLLS) et présidente du jury de l’édition 2023 du Prix USH-CDC de la recherche sur l’habitat social qui a délibéré le 6 septembre. “Je n’imaginais pas à quel point notre secteur d’activité pouvait susciter autant d’intérêt dans le monde de la recherche, poursuit-elle. Les travaux soumis au jury étaient denses, documentés, riches en analyses, très reliés aux réalités du parc social et en même temps très agréables à lire”. Fidèle à sa vocation, cette nouvelle édition du Prix de la recherche met en lumière comment l’habitat social est au cœur de problématiques qui traversent plus largement la société française. Bien que toujours marqués par la sociologie, les travaux représentaient un large panel de disciplines : histoire, science politique, droit, architecture ou géographie. “Cette édition du Prix de thèse se caractérise par la place de plus en plus importante des sujets liés à l’écologie et au changement climatique. C’est une évolution très nette au regard des éditions précédentes”, fait remarquer Pierre Laurent, directeur du Développement à la direction des Prêts de la Banque des Territoires, et vice-président du jury. Signe de cette évolution, un Prix spécial a été décerné à la thèse d’Hadrien Malier sur l’écologie et les classes populaires, déjà primé l’an passé (lire AH 1175).
Séparations conjugales : l’effet protecteur du logement social
Le Grand Prix de la recherche récompense cette année la thèse de Laure Crepin, sociologue et enseignante à l’université Paris-Nanterre. Intitulée Les conséquences résidentielles des séparations conjugales : articuler les inégalités de classe et de genre dans la France contemporaine, cette recherche analyse les trajectoires résidentielles après des ruptures d’union cohabitantes depuis le début des années 2000. “Un sujet encore très peu étudié par la recherche, qui vient éclairer les préoccupations des acteurs du logement”, indique Fabrice Escaffre, co-responsable du Rehal, professeur et directeur du département de géographie, aménagement, environnement de l’université Jean Jaurès à Toulouse. La thèse montre en particulier comment les séparations conjugales conduisent régulièrement à des trajectoires sociales et résidentielles descendantes, en particulier pour les femmes des classes populaires. Selon Maryse Prat, ce problème mérite d’être mieux appréhendé par les organismes qui, à l’instar des chercheurs et des autres acteurs du logement, n’en avaient pas bien perçu l’ampleur (420 000 séparations de couples cohabitants en 2020, dont la moitié concerne des ménages avec enfants).
Laure Crepin, évoque dans cette recherche l’effet protecteur du parc social sur les femmes en situation de séparation conjugale. “Elles y bénéficient d’un logement plus abordable et confortable que dans le privé et peuvent mieux faire face aux multiples contraintes qu’entraîne une séparation : baisse du revenu, nécessité de trouver un logement proche de l’ex-conjoint pour la garde des enfants et suffisamment grand pour les accueillir”. Face à l’urgence à trouver un logement au plus vite, notamment en cas de violences conjugales, la chercheuse souligne cependant une limite : “Les délais d’obtention d’une Hlm, notamment en zones tendues, ne sont pas compatibles avec les urgences liées aux séparations”, explique-t-elle.
Remarquable à tous points de vue et surtout par sa compréhension des pratiques des organismes Hlm, la thèse de Laure Crepin est à l’image de l’ensemble des travaux présentés : “Le jury a eu beaucoup de peine à les départager”, constate sa présidente.
Pour en savoir plus : Dossier Prix USH/CDC de la recherche sur l'habitat social
Débats contradictoires au sein du jury
Les équipes jury du Prix USH-CDC de la recherche sur l’habitat social ont planché sur 21 thèses éligibles. Des trios composés de représentants de l’USH, de la Caisse des dépôts et d’universitaires ont analysé l’ensemble des thèses: six ont été retenues pour le jury qui en a récompensé trois (un Grand Prix et deux Prix spéciaux). “Le choix des thèses primées a fait l’objet de débats contradictoires entre acteurs du logement social et universitaires”, précise Pierre Laurent, directeur du Développement à la direction des Prêts de la Banque des Territoires.
Mots clés
Thèmes

PARU DANS ACTUALITÉS HABITAT N°1196 DU 30 septembre 2023
Actualités Habitat n°1196
Retrouvez cet article et beaucoup d’autres en vous abonnant au Magazine Actualités Habitat.