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Actualités Habitat n°1192

Paru dans

JUILLET 2023

Actualités Habitat n°1192

Date de publication :

24 juillet 2023

Auteur(s) :

VICTOR RAINALDI

Rayonnement de la recherche : le Rehal passe à la vitesse supérieure

À l’occasion des Journées jeunes chercheurs à Aix-en-Provence, début juin, le Réseau recherche habitat logement (Rehal) a annoncé sa transformation prochaine en groupement d’intérêt scientifique. Très lié à l’USH ainsi qu’à d’autres grands partenaires du secteur de l’habitat, son nouveau statut lui donnera les moyens de renforcer ses activités de recherche et son rayonnement.

Lieu d’échange et de coopération entre chercheurs, le Rehal (Réseau recherche habitat logement) a pour ambition d’animer, de croiser et de développer les travaux de recherche sur l’habitat. Il vise également à impulser des approches pluridisciplinaires, à favoriser les partenariats avec les acteurs du secteur, et à promouvoir la recherche française à l’international. Autre ambition clé du Rehal : soutenir et accompagner les jeunes chercheurs en vue de renouveler le champ de la recherche sur le logement et l’habitat. C’est justement lors des journées bisannuelles qui leur étaient dédiées à Aix-en-Provence les 8 et 9 juin qu’a été annoncée sa transformation en groupement d’intérêt scientifique (GIS) rattaché au Centre national de la recherche scientifique (CNRS).

Un réseau au cœur de la recherche sur l’habitat

Héritier du Réseau socio-économie de l’habitat créé en 1991 à l’initiative du Puca (Plan urbanisme construction architecture), le Rehal a pris son nom actuel lors de sa reconstitution en 2011. Sa longévité même “atteste de la nécessité de disposer d’un lieu d’échange entre les personnes qui travaillent sur les sujets de l’habitat”, constate Fabrice Escaffre, nouvel animateur du comité de pilotage du Rehal, professeur d’aménagement et d’urbanisme à l’université Jean Jaurès de Toulouse. “Dépourvu d’existence formelle consolidée, il avait besoin de s’institutionnaliser. Sa transformation en GIS dans quelques semaines le dotera de statuts structurés, d’un conseil scientifique, d’instances dédiées aux partenaires et de représentants des jeunes chercheurs”. Sa gouvernance sera assurée par trois pilotes qui se répartiront les tâches : Lucie Bony, géographe et sociologue chargée de recherche au CNRS, animera les ateliers; Claire Carriou, professeure à l’École d’urbanisme de Paris, prendra plus particulièrement en main les relations internationales, notamment avec le réseau européen de recherche sur l’habitat (European network housing research/ENHR); et Fabrice Escaffre assumera un rôle de direction. À ses yeux, “ce changement vise à maintenir et développer les activités que le Rehal organise avec ses partenaires” et notamment avec l’USH et le Puca. Ce dernier, représenté par Éva Simon, chargée de programmes de recherches, commandite deux types de travaux de recherche : soit au coup par coup “en identifiant les questions que se posent les acteurs publics et les réponses que peut leur apporter la recherche”, soit en parrainant des programmes plus larges, à l’instar de celui sur les défis d’un foncier et d’un logement abordables en partenariat avec l’USH (lire AH 1159).

Redynamiser les travaux

La transformation en GIS du Rehal a également pour but de renforcer ses relations européennes avec l’ENHR et de redynamiser ses ateliers. Actuellement au nombre de sept, d’autres pourraient voir le jour sur des thématiques émergeantes. En attendant, l’actualité des ateliers existants a été présentée aux jeunes chercheurs réunis à Aix-en-Provence. Celui dédié aux Trajectoires des espaces périurbains, considérés comme lieux de ressources et non de seule relégation, développera différentes approches (vieillissement, jeunesse, mobilités, etc.) reliées par la thématique transversale du pavillonnaire. L’atelier Alternatives dans l’habitat, très sollicité par les jeunes chercheurs, travaille notamment sur des suivis d’opérations du programme “Évaluer la qualité du logement de demain” (EQLD) du GIP Epau avec lequel il entretien désormais de nombreux liens. Les opérations d’habitat alternatif y font également l’objet d’études. L’atelier Vulnérabilités résidentielles planche particulièrement sur les mots et les maux des vulnérabilités, ainsi que sur leur fabrique à l’ère des multiples transitions qui affectent le corps social.

“Confronter les pratiques aux politiques de transition.”

Renommé récemment Des pratiques existantes aux politiques de transition, l’ex-atelier Habiter la transition confronte la rhétorique des transitions avec les pratiques présentes et celles qui émergent. Le sujet de la résilience y sera abordé sous l’angle des politiques publiques et techniques, en identifiant les différentes étapes depuis la formalisation de lois imposant de nouvelles solutions jusqu’aux entreprises qui les fabriquent et les mettent en œuvre. Quant à l’atelier Habitat et conflictualité, il décrypte les conflits liés au logement Hlm ainsi qu’aux modes d’habiter du périurbain et ceux nés des transformations du cadre de vie. Enfin, l’atelier Acteurs des marchés du logement s’intéresse à l’ensemble des intervenants des secteurs privé et social : promoteurs, bailleurs, notaires ou encore collectivités locales. Son approche large des marchés prend en considération les stratégies et les pratiques des acteurs de la construction et de la gestion. Un septième atelier a vu le jour récemment. Dédié aux Habitats institutionnels qui recouvrent des réalités aussi diverses que les pensions de famille, les centres d’accueil de migrants ou les Ehpad, il travaillera sur les trajectoires des bâtiments, des acteurs qui les font vivre et des personnes qui y habitent. Un huitième est en cours de constitution autour des interactions entre Âges de la vie et habitats.

Jeunes chercheurs

Les thématiques développées par ces ateliers ont structuré les Journées jeunes chercheurs d’Aix-en-Provence. Ils ont pu y présenter leurs travaux sur des sujets tels que les acteurs des marchés du logement, l’habitat et la conflictualité, les vulnérabilités, le sans-abrisme ou la question des transitions. Parmi les travaux présentés, ceux de la doctorante Pauline Gali (laboratoire Triangle, Latts, Université Jean Monet) sur la construction des politiques de peuplement par les acteurs locaux dans le cadre des projets de rénovation urbaine se sont révélés particulièrement aboutis. À partir de la rénovation du quartier paupérisé de Chantereine à Alfortville, en proche région parisienne, son travail montre les difficultés de mise en œuvre de la stratégie de peuplement conduite par la ville. Elle souligne notamment les résultats contrastés en termes de mixité sociale, malgré les efforts des élus pour rendre les prix abordables (3 700 €/m2, vs 5 200 € en moyenne communale) et leur volonté constante de reloger une part importante de la population du quartier rénové dans les nouvelles constructions. À l’issue de l’enquête de la doctorante, 42% des acquéreurs de logements en accession étaient des habitants de la commune, 20% de Paris et le reste des autres communes d’Île-de-France. Cependant, après l’expiration des clauses anti-spéculatives, elle observe que les reventes se sont faites aux prix plus élevés du marché et qu’un processus de gentrification s’amorce.


Les Journées jeunes chercheurs ont également été l’occasion d’annoncer le projet, piloté par Claire Carriou et Christine Lelévrier (Lab’urba, École d’urbanisme de Paris), d’accueillir la conférence de l’ENHR à Marne-la-Vallée du 8 au 11 juillet 2025. La conférence, dont l’intitulé général sera “Affordable housing in greening cities” (le logement abordable dans des villes qui se verdissent), rassemblera des centaines de chercheurs européens sur les questions de logement et d’habitat. Dans cette perspective, le Rehal a souligné qu’il est actuellement en recherche de financements auprès des acteurs du secteur pour ce grand rendez-vous de la recherche qui portera sur le logement et les enjeux de transition écologique.

Des relations fortes entre l’USH et le Rehal

Le Mouvement Hlm est un partenaire de longue date du monde de la recherche sur le logement en général, et sur l’habitat social en particulier. “Notre engagement auprès de la recherche scientifique s’est renforcé au cours des dix dernières années sous l’impulsion de mon prédécesseur, Dominique Belargent”, explique Bruno Marot, responsable des partenariats institutionnels et de la recherche à l’USH. “L’idée est de soutenir, d’accompagner et de valoriser la recherche aux côtés d’autres grands acteurs tels que le Puca, la Banque des Territoires ou Action Logement. Nous avons la volonté de favoriser les coopérations entre acteurs de l’habitat social et chercheurs avec l’objectif d’être une ressource pour les organismes Hlm et de les aider à faire évoluer leurs pratiques en harmonie avec les évolutions économiques, sociales et sociétales”. Cet engagement se manifeste notamment par des actions communes avec le Rehal, dont le Prix USH-CDC sur l’habitat social décerné tous les ans, auquel les chercheurs et chercheuses du Rehal sont associés. Il se concrétise aussi par la production commune du Panorama de la recherche dont la onzième édition paraîtra en décembre. Le Panorama, à retrouver en ligne, présente non seulement les travaux en cours mais aussi les coopérations à l’œuvre entre acteurs et chercheurs. Autre initiative conjointe avec le Rehal : la journée annuelle Quoi de neuf, chercheurs ? qui permet aux universitaires de présenter et d’échanger sur leurs travaux avec l’ensemble des acteurs de l’habitat : élus, bailleurs sociaux, promoteurs, agences d’urbanisme... La prochaine journée se tiendra le 16 novembre à Paris sur le thème de l’évaluation des besoins en logements à l’heure de la transition écologique, dans une perspective à la fois nationale et internationale.

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PARU DANS ACTUALITÉS HABITAT N°1192 DU 15 juillet 2023

Actualités Habitat n°1192

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