Dix secondes : c’est le temps nécessaire à l’application interne d’intelligence artificielle développée par la Banque des territoires pour pré-remplir une demande de prêt à partir d’un agrément. Dix secondes… contre 45 minutes, quand ce travail est réalisé par une personne.

Avec 32 000 prêts accordés en 2018-2019 aux bailleurs sociaux, on mesure l’importance des gains de productivité qu’offre cette application gratuite. L’outil est basé sur le text mining, une approche qui permet de "lire et comprendre" de manière automatisée les documents, en industrialisant la récupération de certaines données dans des volumes massifs de documents. Entraînés sur 40 000 agréments, des réseaux de neurones convolutifs traitent les documents scannés et exportent automatiquement l’information recherchée dans un système d’information avec, à ce stade, des résultats justes à 90%. "Après nos innovations financières déployées dans le cadre des Plans logement de 20 milliards d’euros, nous marquons, au travers de ce projet, notre capacité à innover en matière technologique, au service de la performance opérationnelle et des outils de pilotage stratégique des bailleurs sociaux", souligne Marianne Laurent, directrice des Prêts de la Banque des territoires.

La Banque et 15 bailleurs sociaux⁽¹⁾ ont signé, le 27 février dernier, une convention d’expérimentation partenariale pour affiner le projet. "Ce qui m’intéresse dans la démarche c’est de gagner du temps dans l’instruction et l’émission des contrats de prêts, pour que les équipes puissent se mobiliser sur des choses plus intéressantes que la saisie, en évitant les erreurs", témoigne Paul Goncalves, directeur administratif et financier de Quevilly Habitat. "On a tous à y gagner, ajoute Bernard Ducruet, directeur du contrôle de gestion et de la comptabilité du groupe Valophis, qui dépose 40 à 50 demandes de financement par an. L’objectif de notre participation est là, même si pour le moment le périmètre est peut-être limité. On sait qu’à l’avenir, on va travailler avec ce genre d’outils".

Aux termes de la convention, les bailleurs signataires s’engagent à acculturer leurs équipes à cette technologie et à partager, avec la Banque des territoires, leurs attentes de services assis sur cette technologie qui présenteraient un potentiel intéressant pour eux. De son côté, la Banque des territoires se fixe pour objectif de mettre en place, sur sa plateforme, un service de pré-remplissage automatisé des demandes de prêts des bailleurs sociaux d’ici au prochain Congrès de l’USH.

De nombreux services en développement

Ce dispositif pourrait très vite être suivi d’autres services :

- le pré-remplissage des demandes pour la rénovation avec les diagnostics de performance énergétique (DPE) ;
- la vérification et classification des documents et pièces justificatives fournis par l’organisme ;
- à plus long terme, la récupération des délibérations de garantie des collectivités. La Banque des territoires a déjà récupéré 300 000 délibérations pour entraîner son réseau de neurones sur ce sujet.

L’industrialisation de la récupération des données permettra, demain, aux bailleurs sociaux de disposer d’un véritable outil de pilotage de leur activité et d’affiner leur vision globale stratégique. "Nous travaillons sur les caractéristiques d’un nouvel outil de pilotage assis sur cette technologie, permettant d’analyser de manière automatique l’évolution des coûts et caractéristiques des opérations, pour les bailleurs et le secteur, entre l’agrément et les mises en chantier", explique Hakim Lahlou, responsable de la coordination des objectifs stratégiques à la direction des prêts de l’établissement.

(1) Alliade Habitat, Antin Résidences, Alpes Isère Habitat, Batigère en Île-de-France, CDC Habitat, Halpades, ICF Habitat, Opac de la Savoie, Partelios Habitat, Polylogis, Quevilly Habitat, Seqens, 3F Immobilière Rhône-Alpes, Valophis Habitat et Elogie-Siemp.