Type de publication
Thème de la publication
Géographie prioritaire
Date du document

01 décembre 2013

Contacts

Valérie Souchet

Centre de ressources - CDR

Numéro

15723

Date de publication :

17 février 2014

Auteur(s) :

LA REVUE URBANISME

Une nouvelle géographie de l'exclusion ?

Alors que la nouvelle politique de la ville définit une "géographie prioritaire", les auteurs de ce dossier de la revue Urbanisme s'interrogent plus largement sur la pauvreté, les zones où elle se développe ou perdure et pointent l’effort à faire en matière de politique urbaine et de l'habitat.

L’exclusion a de multiples visages et touche à la fois les milieux urbains et ruraux, fruit de la crise qui touche l'Europe.

Extrait de l'Edito d'Antoine-Loublière :

" Cette nouvelle réalité bouleverse-t-elle la géographie de l’exclusion ?

C’est l’interrogation qui parcourt ce dossier, alors que le gouvernement français a entrepris de réformer la politique de la ville, en s’attaquant à ce qui en faisait une de ses caractéristiques essentielles, la géographie prioritaire des quartiers sensibles. Il s’agit clairement, dans une volonté d’égalité des territoires, de mieux prendre en compte l’exclusion dans ses nouvelles dimensions sociales et spatiales, en particulier dans les villes petites et moyennes des régions frappées par la crise. Dans un entretien réalisé après le vote, en première lecture, par l’Assemblée nationale de son projet de loi de programmation, François Lamy, le ministre délégué, chargé de la Ville, s’explique sur ces choix, en particulier sur le nouveau critère unique, celui du revenu, qui sera utilisé pour déterminer les futurs quartiers prioritaires.
 Des chercheurs mettent en question ce choix en proposant, comme Gérard-François Dumont, un « indice synthétique d’exclusion » ou, comme Daniel Béhar, en s’interrogeant sur la pertinence d’un zonage pour combattre les processus d’exclusion à la bonne échelle.
 En s’appuyant sur les statistiques de l’INSEE et les études du Compas, Louis Maurin relativise le discours sur la pauvreté dans le périurbain et rappelle que les « cités » restent les zones de concentration de l’exclusion. Renaud Gauquelin, le président de l’association des maires Ville et Banlieue, souligne la situation parfois dramatique de certains habitants de banlieue, qui ne se soignent plus, alors que Christian Pierret, le président de la Fédération des villes moyennes, attire l’attention sur le caractère spécifique de la crise qui les affecte du fait de leur histoire industrielle.
 En France, si l’on met à part les handicapés (physiques ou mentaux) – qui constituent une catégorie spécifique des politiques publiques –, l’exclusion avait historiquement le visage du « clochard » devenu le SDF, qui, chaque hiver, revient à la une des quotidiens et fait l’ouverture des journaux télévisés. Cette exclusion-là demeure, mais elle a pris une nouvelle dimension avec la présence remarquée des Roms, souvent citoyens roumains et bulgares (donc de l’Union européenne), parfois au cœur de nos grandes villes, Paris en particulier. Dans notre dossier, nous n’abordons pas précisément cette question très largement (mal) traitée dans le débat public. Reste que les nouveaux bidonvilles, particulièrement en banlieue parisienne, sont bien le résultat de l’implantation de ces populations. Un colloque intitulé « Actualité de l’habitat précaire » a été récemment organisé à Montpellier ; Sylvie Groueff nous donne un aperçu des échanges qui ont mis à mal le sens commun : l’habitat précaire est parfois un choix de vie et, même pour des personnes précarisées, il constitue un abri qu’il faut éviter de normaliser à tout prix. À l’inverse, c’est le choix de la ville de Los Angeles de proposer un nouvel habitat de qualité aux SDF du quartier Skid Row, au cœur de son downtown, après les avoir associés à sa conception.
 Cette approche différente des « pauvres » et des « exclus » se retrouve dans d’autres pays d’Europe, comme l’explique Morgan Poulizac. Il est vrai qu’en France, le choix a été fait d’une ambitieuse politique de rénovation urbaine, que rappelle Fabrice Peigney, mais, malgré des résultats visibles dans nombre de quartiers, la transformation urbaine n’a pas éliminé la pauvreté et l’exclusion. Il faut maintenant s’occuper de manière volontariste de la situation socio-économique de leurs habitants. Sans négliger la diversité des processus d’exclusion dans les autres territoires."

Revue Urbanisme n° 391, Hiver 2013, dossier p.29-65.

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