Actualités

Thème de la publication
Construction & Architecture
Numéro

Actualités Habitat n°1199

Paru dans

NOVEMBRE 2023

Actualités Habitat n°1199

Date de publication :

22 novembre 2023

Auteur(s) :

MAGALI TRAN

Êtes-vous plutôt sobre ou plutôt frugal ?

Quelque 130 participants étaient connectés, le 19  septembre, au webinaire de l’Anru Vers des bâtiments sobres en ressources. Que les réponses soient techniques, innovantes ou frugales, elles doivent surtout être adaptées aux objectifs fixés. C’est la “just tech” ou “right tech”.

À travers deux exemples inspirants, et pourtant très différents, l’Anru propose deux façons de concevoir des “bâtiments sobres en ressources”, le thème d’un webinaire organisé le 19 septembre, en partenariat avec l’USH. Dans le cadre de la réhabilitation de la cité Paul Boncour, à Bordeaux, l’atelier Philippe Madec conçoit pour Aquitanis un programme de logements neufs sans aucun système de ventilation : “Tous les logements sont traversants, avec des fenêtres dans toutes les pièces, y compris les WC et salles de bains”. Le bâtiment, qui devrait être livré dans un an et demi, sera instrumenté par le Cerema pour vérifier la qualité de l’air. Le co-créateur du “Mouvement pour une frugalité heureuse et créative” n’en est pas à son coup d’essai. Il avait déjà conçu pour Siloge, par exemple, des logements passifs et BBC dans l’écovillage des Noés, à Val-de-Reuil, bénéficiant d’une ventilation naturelle et d’un ensoleillement optimisé. Prônant le “Facteur 4” théorisé par le Club de Rome, à savoir “deux fois plus de bien-être en consommant 2 fois moins de ressources”, il invite à “utiliser moins et mieux” les matériaux locaux et naturels, et à pratiquer le réemploi.

 

Réduire la technique au nécessaire

Face à cette frugalité affirmée, le programme ABC (pour Autonomous Building Citizen) de Grenoble Habitat est au contraire un petit bijou de technologie. Construit par Linkcity, il vise la consommation de 3 fois moins d’eau et d’électricité, et la diminution de 40% des déchets. Pour cela, une ferme photovoltaïque de 1100 m2 a été déployée sur les toits, récupérant en même temps l’eau de pluie, qui est stockée dans des cuves puis potabilisée sur place. Les eaux grises rejetées sont, elles, filtrées, épurées puis réutilisées dans les chasses d’eau, l’arrosage extérieur et l’entretien des parties communes. Après les 2 premières années d’exploitation, l’autonomie électrique constatée est de l’ordre de
60% sur un objectif de 70%. La consommation d’eau est quant à elle plus irrégulière, avec des périodes où les cuves sont vides. Malgré une performance notable E4C2 du label E+C-, l’organisme Hlm n’aura pas les moyens de répliquer ce type de bâtiment, dont le surcoût de construction est de 20%. Il envisage plutôt de mettre l’accent sur l’accompagnement des habitants au quotidien sur des bâtiments plus traditionnels.


L’idée n’est pas d’opposer les deux approches, l’une résolument low tech quand l’autre est high tech. Philippe Madec, qui “aime réduire la technique à ce qui est nécessaire”, invite les concepteurs à se positionner sur la “right tech”, afin de répondre au mieux aux objectifs fixés. Iswann Ali Ben Ali, responsable de l’observatoire de la ville durable de Paris & Co, observe que “la course effrénée à l’innovation technologique est remise en question par un techno-discernement” et encourage à adopter une “approche non pas technophobe mais technocritique, pour questionner l’impact et l’efficacité de la technologie : parfois elle est nécessaire, parfois non”. Elle propose quatre axes de réflexion : composer avec le déjà-là, dimensionner au plus juste, concevoir pour durer et favoriser des projets accessibles et conviviaux.

Mots clés
Thèmes

PARU DANS ACTUALITÉS HABITAT N°1199 DU 15 novembre 2023

Actualités Habitat n°1199

Retrouvez cet article et beaucoup d’autres en vous abonnant au Magazine Actualités Habitat.

F