Actualités Habitat : Quel était le thème de la Conférence de Dakar ?

Prudence Adjanohoun : La 55^e conférence du Réseau Habitat et Francophonie s’est réunie les 16, 17 et 18 mai à Dakar sur le thème Répondre efficacement aux besoins en logements abordables et durables : les modèles et facteurs de réussite. C’est une thématique qui fait écho à la belle dynamique observée au Sénégal en matière d’aménagement urbain et d’accès au logement abordable. Depuis sa création en 1987, c’est la 3^e fois que le Réseau Habitat et Francophonie se retrouve à Dakar pour les besoins de son assemblée générale et de sa conférence annuelle. En 2002, c’était sur le thème Populations mal-logées et professionnels de l’habitat : un même combat pour une ville sans taudis. En 2011 sur Aménagement, politique de l’habitat et gouvernance territoriale.

Cette 55^e conférence a bénéficié de l’engagement d’organismes sénégalais membres du Réseau, tels que la Banque de l’habitat du Sénégal (BHS), la Sicap (ex-Société immobilière du Cap-Vert, société aujourd’hui détenue en majorité par l’État du Sénégal), la Société nationale des habitations à loyer modéré du Sénégal (SN Hlm) et la Caisse des dépôts et consignations du Sénégal. Une centaine de professionnels de l’habitat abordable étaient présents, venant d’une quinzaine de pays francophones : le Bénin, la Belgique, la République Centrafricaine, le Tchad, la France, le Québec, le Maroc, le Rwanda, la République de Djibouti, le Cameroun, la République du Congo, la République démocratique du Congo, la Côte d’ivoire, le Mali, le Gabon… Notre approche consiste à croiser les expériences des différents pays.

A.H. : Quels sont les défis partagés identifiés lors de cette conférence ?

P.A. : Les trois jours d’échanges ont permis de constater que, sur les sujets du foncier, de l’offre de logements, de la formation et du financement, les différents panélistes partageaient une vision commune : l’État doit agir plus, vite et mieux. Et la communauté internationale peut et doit faire du logement social et abordable une grande cause internationale.

Au cours de ces journées, plusieurs défis ont été identifiés comme étant les principales causes du déficit en logements au Sénégal, que l’on retrouve dans d’autres pays francophones : la croissance démographique, la faiblesse de la planification urbaine, la prolifération des bidonvilles… Face à ces enjeux, les pouvoirs publics sénégalais ont mis en place plusieurs dispositifs inspirants dont le Plan Sénégal Émergent (PSE) décliné en plusieurs programmes et projets, le programme zéro bidonville (Prozebid) et le programme des 100 000 logements qui vise la construction et l’accélération de l’offre de logements décents et accessibles pour les ménages à revenus faibles. Des visites professionnelles ont également été organisées.

A.H. : Quelle est la place des visites de terrain durant ces trois jours de débats ?

P.A. : C’est la vocation de nos Conférences d’être également de véritables séjours d’études. Il était important d’aller sur le terrain afin de visualiser les réalisations de nos membres sénégalais et d’échanger avec les habitants et les spécialistes intervenant - ou étant intervenus - sur les différents chantiers. Ces visites ont été très enrichissantes et instructives. À Diamniadio, nous avons visité une villa et un appartement F4 : un projet financé par la BHS. À Bambilor, il s’agissait d’une villa F3 construite par la Coopérative militaire de construction (Comico) financée par la BHS. Sur ce site, 1 500 logements sociaux ont été réalisés et 624 parcelles commercialisées. À Niakhirat, nous avons vu une villa F4 construite par la SN Hlm. À Bambilor également, nous avons découvert un projet global (villas F2, F3, F4) et des terrains viabilisés sur financement de la CDC.

À noter

La 56^e conférence du Réseau Habitat et Francophonie aura lieu en mai 2024 à l’invitation de la Société d’habitation du Québec (SHQ).