Le parc social présente une meilleure performance énergétique que le parc privé. L’étude Éclairages n°29 de la Banque des Territoires, sur La performance énergétique du parc social, publiée au mois d’octobre, estime que “la meilleure performance du logement Hlm tient à d’autres facteurs que la seule réhabilitation : la taille du logement, la nature du bâti (collectif ou individuel), le mix énergétique, l’ancienneté du logement et sa localisation”. Ces éléments structurels se traduisent par une différence de 30% de consommation énergétique entre les logements des deux parcs au bénéfice des logements Hlm : déclinée par logement, la consommation énergétique est de 11,5 mégawatts-heure (MWh) dans les logements Hlm, contre 15,7MWh dans le parc privé. Au total, le parc Hlm consomme près de 50 térawatts-heure (TWh) en énergie finale, contre 400 pour le parc privé.

Le parc Hlm est majoritairement chauffé au gaz et au chauffage urbain et concentre moins de passoires thermiques que le parc privé. Il est aussi composé d’une majorité d’appartements bâtis après 1971. À l’inverse, le parc privé est à 75% constitué de maisons, plus anciennes, utilisant des combustibles plus chers, tels le fioul et le bois-énergie, note l’étude. Or, le gaz chauffe 57% de la surface des appartements, contre 35 % de celle des maisons individuelles, tous parcs confondus. La surface moyenne des logements par habitant est aussi plus réduite en Hlm (34m² contre 46m² pour le logement individuel).

Plus froid dans la moitié Nord, donc plus de consommations

À l’échelle des territoires, la consommation énergétique est plus importante dans cinq régions de la moitié Nord du pays : la Normandie, la Bourgogne-Franche-Comté, le Grand Est, les Hauts-de-France et l’Île-de-France. Le parc Hlm, historiquement fortement implanté dans ces régions, y consomme les volumes d’énergie les plus élevés du secteur (20% en plus par m²), bien que majoritairement chauffé au gaz. Ainsi, dans la métropole parisienne, la consommation est estimée à 9TWh, et représente à elle seule près d’un quart de la consommation totale du parc de logements sociaux de l’Hexagone. Le chauffage urbain est par ailleurs surreprésenté dans les Hlm. Il alimente 20% des surfaces Hlm contre 1% de celles du parc privé, du fait de sa forte implantation dans les villes et de la présence des réseaux là où les densités sont les plus importantes. Mais c’est moins le cas dans les villes de l’Ouest et du Sud. Par opposition, les intercommunalités, moins urbanisées, sont plus dépendantes à l’électricité.

La Banque des Territoires estime que “pour atteindre l’objectif de programmation pluriannuelle de l’énergie, soit une baisse de 2,8% à 3,3% de l’énergie consommée, il faudrait multiplier les efforts de réduction de la consommation par cinq, ce qui nécessiterait des travaux de réhabilitation plus ambitieux”, tous parcs confondus. Pour compléter cette étude, deux éléments supplémentaires devraient être intégrés dans le calcul de la consommation énergétique : le rythme de réhabilitation thermique dans le parc social et, s’il est plus élevé que dans le parc privé, ses implications sur les écarts de performance énergétique entre les deux parcs; ainsi que les différences potentielles dans les comportements de consommation des usagers des deux parcs, les précaires énergétiques étant “surreprésentés dans la population du logement Hlm”.

Pour en savoir plus : La performance énergétique du logement Hlm - Eclairages n°29

Une méthodologie inédite

Pour conduire son étude, la Banque des Territoires s’est appuyée sur une méthodologie innovante : par le prisme qu’elle a choisi, en premier lieu, qui consiste à établir une mesure de la consommation énergétique finale par combustible (électricité, gaz, fioul…) et permet de dresser un bilan de la consommation énergétique du logement Hlm par combustible et territoire ; ensuite, par sa construction, réalisée à partir des données du recensement de la population. Le fichier Logement de l’Insee de 2018 (dernières données disponibles) renseigne sur le type de logement (social ou privé), le combustible utilisé, la surface du logement.

La Banque des Territoires a ensuite estimé par intercommunalité la surface totale dans le logement Hlm chauffée par du gaz, de l’électricité, du fioul, du bois et du chauffage urbain. Les données de l’Insee ont été croisées avec celles relevées par le Service des données et études statistiques (SDES) du ministère de la Transition écologique, concernant les consommations en électricité, gaz et chauffage urbain, par intercommunalités également.