Si vous voulez rencontrer Romain Dubois un vendredi, il vous proposera un rendez-vous non pas dans son bureau, mais dans un café proche de son domicile. Le directeur général d’ICF Habitat est ce jour-là en télétravail, comme la plupart des collaborateurs du siège parisien.

Les bureaux sont fermés - donc non éclairés et non chauffés - les trois derniers jours de la semaine (à l’exception d’une petite zone d’accueil en flex office pour ceux qui ne peuvent pas ou ne veulent pas télétravailler), générant une économie estimée à 65 MWh par an. Au total, tous les collaborateurs peuvent prendre trois jours de télétravail par semaine, dont le vendredi pour les Parisiens. Cet accord ne relève pas seulement d’une politique de ressources humaines ; il fait aussi partie de la “quête de frugalité énergétique” engagée début 2022, à la demande de la SNCF, l’actionnaire unique du groupe ICF Habitat. Et ce n’est pas anodin : entre 2019 et le printemps 2022, le groupe a constaté “une baisse de plus de 20% de la consommation énergétique de son siège parisien, largement dû au recours au télétravail durant la crise sanitaire et au-delà”. Dans la foulée, la période d’inertie de tous les bâtiments tertiaires a également été allongée dans l’année, avec une réduction d’un mois de la période de chauffe et d’un mois de la période de climatisation.

Ces initiatives du plan “frugalité” visent l’environnement de travail des collaborateurs. Mais deux autres cibles sont définies avec son lot d’actions visant à réduire la consommation d’énergie en volume, à court, moyen et long terme : les clients et le patrimoine du groupe.

Écogestes et coaching énergétique

Avec leur avis d’échéance adressé en avril 2022, les locataires avaient également reçu des informations sur les écogestes et la frugalité énergétique ainsi que, pour ceux chauffés au gaz, sur le bouclier tarifaire alors mis en place par le gouvernement. Un rappel des écogestes est désormais prévu chaque année juste avant la période de chauffe, laquelle est “réduite à son minimum” en fonction des conditions météorologiques locales. Et si cela ne suffit pas, des séances de “coaching énergétique” seront conduites par des partenaires.

Le “ralenti de nuit”, dispositif permettant d’abaisser la température pendant la nuit pour le chauffage au gaz, ou les coupures très courtes et très ponctuelles des chauffages électriques en période de pic de consommation, sont envisagées sous forme d’expérimentation.

À noter que le plan frugalité a fait l’objet d’explications et de discussions avec les représentants des locataires. Mais pour les ménages en difficulté financière, “les interlocuteurs privilégiés restent les travailleurs sociaux”, souligne le groupe.

Éradiquer les passoires, prioriser le mix énergétique…

Le troisième volet du plan comporte les actions sur le patrimoine, sachant que seuls 5% des logements d’ICF Habitat sont classés en étiquettes F ou G. L’action porte alors principalement sur l’enveloppe du bâtiment (réhabilitations thermiques) et, quand c’est possible, sur des changements de système énergétique.

À court terme, sont programmées : une campagne générale de remplacement des robinets des radiateurs bloqués pour permettre aux habitants de réguler leur chauffage ; la révision des équilibrages lorsqu’il y a des grosses différences entre des logements d’un même immeuble ; la mise en place, de manière incitative, d’un système d’individualisation de frais de chauffage avec des robinets thermostatiques ; l’installation d’un système de détection de présence sur l’ensemble des luminaires des parties communes.

Le groupe entend accélérer et massifier les réhabilitations thermiques, dans l’objectif d’éradiquer les étiquettes F et G dans les 2 à 5 ans et les étiquettes E et D à plus long terme. Dans une vision prospective, il se fixe pour objectif d’augmenter la part de réhabilitation lourde et performante (niveau BBC ou étiquette B et A), de développer l’autoconsommation, de recourir en priorité à un mix énergétique qui met l’accent sur les énergies renouvelables (géothermie, aérothermie, solaire...) et d’étudier systématiquement le raccordement aux réseaux de chauffage urbain.

Pour en savoir plus : Dossier Energie / sobriété